Du pain, de la viande, du fromage, un peu de salade… À première vue, difficile de distinguer un burger classique d'un burger bio. Pourtant, dans ce dernier cas, au moins 95% des aliments sont issus d’un mode de production biologique, selon la réglementation en vigueur en France. De quoi foncer, l'esprit tranquille, dans ces fast-foods de plus en plus nombreux à agiter le drapeau "healthy" ? La réponse est un peu plus complexe qu’il n’y paraît...
L’émission Circuits Courts a consacré jeudi 26 avril un numéro spécial à cette question : "Manger vite mais bien : les alternatives à la restauration rapide". Autour d’Anne Le Gall et Maxime Switek, Grégory Gendre, maire de Dolus-d’Oléron qui se bat contre l’implantation d’un McDonald’s sur l’île et Louis Frack, co-fondateur de Bioburger, ont débattu des moyens de manger sur le pouce en se faisant du bien. Le podcast de l'émission est disponible ici.
Les bienfaits du bio pas encore totalement prouvés. D’abord, pour être clair, aucune étude n’a encore catégoriquement prouvé les bienfaits du bio sur la santé. Si la communauté scientifique paraît toujours aussi divisée sur le sujet, de nombreux travaux tendent néanmoins à démontrer le caractère plus sain des produits issus de l’agriculture biologique.
Un moins grand risque d'obésité ? Dans la plus vaste revue de littérature effectuée sur le sujet, publiée en octobre dernier dans la revue britannique Environmental Health, des chercheurs européens démontrent notamment une baisse de 31% de l’obésité chez les consommateurs d’aliments issus de l’agriculture biologique. Avec cette réserve, cependant : les consommateurs de produits bio ont généralement des habitudes alimentaires plus saines.
Moins de pesticides. Leur type de consommation leur permet aussi d’être beaucoup moins exposés aux résidus de pesticides. Rien de plus logique, puisque l'agriculture bio n'y a pas recours. Mais les produits non-bio ne dépassent que très rarement les taux autorisés. Pas de grande différence, donc, sur la santé, du moins en cas d’usage normal. Même chose pour les différences constatées en matière de vitamines, acides gras, protéines, minéraux et antibiotiques : l’impact n’est pas encore évident, et les études sur le sujet sont étonnamment plutôt rares.
" Une salade qui n’est pas bio reste toujours mieux que des frites bio "
De l'importance de l'accompagnement. Ceci étant dit, revenons-en à nos fast-foods. En réalité, ce n’est pas tant le burger qui pose problème. Tout dépend en fait de l’accompagnement. "Si vous prenez un burger bio avec un cola bio et une pâtisserie grasse et sucrée bio, cela va avoir des effets délétères sur l’organisme. Par contre, si vous prenez un burger bio avec une salade, des légumes, des fruits et que vous buvez de l’eau, c’est quelque chose de plutôt positif", éclaire Laurent Chevallier, médecin nutritionniste au CHU de Montpellier et auteur de L'indulgence dans l'assiette (Fayard). Autrement dit, "une salade qui n’est pas bio reste toujours mieux que des frites bio" et "un soda peut provoquer addiction, surpoids et diabète. Qu’il soit bio ou non".
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"Le bio n’est pas synonyme d’équilibre alimentaire". "Le bio n’est pas synonyme d’équilibre alimentaire”, répète encore Laurent Chevallier, qui convoque le souvenir pas si lointain d’un patient diabétique à qui il avait conseillé d’éviter la confiture - et donc le sucre - le matin. “Il m’a répondu ‘non non, il n’y a pas de problème, elle est bio’. C’est comme ces gens qui imaginent que 'sans-gluten' veut dire bon pour la santé. Ce sont des malentendus."
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Le ketchup bio "peut avoir du sens". Côté sauce, à écouter le nutritionniste, le ketchup bio n’est pas si terrible pour la santé. "Cela peut avoir du sens, puisqu’on a quand même beaucoup d’interrogation sur l’origine des tomates et la façon dont elles sont cultivées généralement. C’est en tout cas bien mieux qu'une sauce barbecue, bourrée d'arômes de synthèse", conseille-t-il.
Selon le dernier baromètre Agence BIO/CSA publié en mai 2017, sept Français sur dix (69%) déclarent manger un produit bio au moins une fois par mois, et 83% des sondés estiment avoir confiance dans l’agriculture biologique. Une confiance qu'il convient de ne pas trop ébranler. Car si les bienfaits pour la santé sont encore assez incertains, ceux pour l’environnement, eux, ne sont plus à démontrer.
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