Lister les perturbateurs endocriniens, mieux informer la population… Le gouvernement a présenté lundi son nouveau projet de lutte contre ces substances susceptibles d'interférer avec le système hormonal, un plan accueilli de façon mitigée par les ONG. Jouets, tickets de caisse, plastiques, peintures, vêtements, produits phytosanitaires… Ces composés chimiques présents dans de nombreux produits de consommation courante sont encore mal connus.
La France pointée du doigt. Mais la liste des maux qui leur sont attribués est longue (problèmes de fertilité, croissance, comportement, origine possible de certains cancers…), alimentant l'inquiétude de la population et des ONG. Il y a un an, un rapport commun de plusieurs organismes publics, dont l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), avait estimé que la France n'avait pas mis en oeuvre les moyens suffisants pour surveiller et étudier ces substances, malgré la première "Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens" (SNPE) de 2014. La deuxième SNPE 2019-2022, soumise à consultation publique à partir de lundi jusqu'au 8 février, vise notamment à renforcer la protection des populations.
Trois catégories de perturbateurs. Dans ce but, l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) devra publier d'ici 2021 une liste de perturbateurs endocriniens, classés en trois catégories, "suspecté", "présumé" et "avéré". "Ça, c'est positif, la France est à l'avant-garde sur cette question-là, elle veut que les perturbateurs endocriniens soient traités en trois catégories", comme le sont par exemple les substances cancérogènes, a indiqué François Veillerette, de l'ONG Générations Futures. La définition européenne adoptée difficilement en 2017, qui ne satisfait pas les ONG, exclut les "suspectés" et ne concerne que les produits phytosanitaires et biocides.
Un site d’information en 2019. Le projet présenté lundi par les ministres de la Transition écologique François de Rugy et de la Santé Agnès Buzyn à Bordeaux prévoit également la création en 2019 d'un site d'information grand public sur les produits chimiques, dont les perturbateurs endocriniens, une meilleure formation des personnels de santé et le financement de recherches scientifiques spécifiques sur le sujet. En revanche, en matière de protection des consommateurs, les ONG regrettent l'absence de mise en place d'un étiquetage des produits contenant une de ces substances, pour au moins donner le choix aux consommateurs. "Le meilleur moyen d'informer est via l'étiquetage bien sûr", a insisté Olivier Andrault, de l'UFC-Que Choisir, qualifiant toutefois le plan de "plutôt satisfaisant".
Trouver des substances alternatives. La future liste officielle rendra "plus facile pour les ONG de pointer du doigt les produits qui contiennent ces perturbateurs endocriniens, et donc d'obliger les pouvoirs publics et les fabricants à agir pour une substitution, ou une interdiction pure et simple", a-t-il déclaré. Le projet prévoit à ce stade un travail de concertation pour "guider" l'action des industriels vers la substitution des substances controversées, notamment en identifiant des alternatives.