"On a décidé de rembourser l'homéopathie sans aucune évaluation scientifique. Peut-être pourrait-elle rentrer dans le droit commun et être évaluée. Si elle est utile, elle restera remboursée. Si elle est inutile, elle arrêtera de l'être." Cette phrase, prononcée par la ministre de la Santé Agnès Buzyn sur France Inter, relance un vieux débat, dans lequel la France fait figure d'exception. Notre sécurité sociale continue de rembourser en partie, certains médicaments homéopathiques.
"Le médecin fait ce qu'il veut". La ministre va lancer une évaluation. Pour les anti-homéopathie, notamment les 124 professionnels de santé qui ont signé un appel en mars dernier, la ministre va enfin dans le bon sens. Beaucoup d'études existent, et selon eux, elles concluent toutes à l'absence d'efficacité, ou au mieux à un effet placebo, des médicaments homéopathiques. "En aucun cas il n'est vérifié que ces médicaments sont actifs ou toxiques. Il n'y a aucune indication. Le médecin fait, en gros, ce qu'il veut", dénonce sur Europe 1 le professeur François Chast, président honoraire de l'académie nationale de pharmacie.
Une évaluation, comme tout le reste. "Agnès Buzyn a dirigé pendant plusieurs années la Haute autorité de santé, qui valide toutes les procédures de soins en France (les médicaments, la qualité d'un hôpital, la qualité d'un laboratoire d'analyse médicale…) Il est évident que la ministre qu'elle est devenue demande aussi à l'homéopathie d'être évaluée de la même manière que tous les médicaments", avance Pr Chast. Le spécialiste considère tout bonnement que "l'homéopathie n'a plus sa place au 21ème siècle dans l'éventail des thérapeutiques disponibles. C'est une doctrine médicale fondée à la fin du 18ème siècle. Depuis, rien ne s'est passé. Ce sont toujours les mêmes remèdes qui sont utilisés. Et on ne sait pas à quoi ils servent."
Les homéopathes "sereins". De nombreux pays comme l'Allemagne ont déjà franchi le pas en arrêtant de rembourser l'homéopathie. En la matière, la France commence à faire figure d'exception. Toutefois, ce n'est pas le déremboursement des médicaments homéopathiques qui sauverait le budget de la Sécu. En 2016, l'assurance maladie a remboursé 128 millions d'euros de médicaments homéopathiques, sur un budget total de médicaments remboursés de 20 milliards. Interrogé dans le débat d'Europe Midi vendredi, Dr. Charles Bentz, président du syndicat national des médecins homéopathes français, assure que lui et ses confrères sont "tout à fait sereins" quant à la perspective d'une évaluation de l'efficacité des traitements qu'ils prescrivent.