Ses déclarations ont provoqué un tollé. Le directeur général du groupe Sanofi, Paul Hudson, a affirmé mercredi que le laboratoire servirait "en premier" les États-Unis s'il trouvait un vaccin, et ce en raison d'un partenariat mis en place avec Washington pour la recherche biomédicale. Une annonce qui a fait bondir la classe politique française. Invité du journal de la mi-journée, jeudi, le président de Sanofi France, Olivier Bogillot a tenu à rassurer les auditeurs et affirmé que dans l'hypothèse où Sanofi découvrait un vaccin contre le Covid-19, "il serait accessible à tous".
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"Il ne faut pas oublier que l'on a aussi des usines en Europe"
Le président de Sanofi France l'assure, Paul Hudson s'exprimait ainsi pour expliquer que les États-Unis sont très organisés. "Ils vont très vite pour pouvoir faire quelque chose d'exceptionnel", assure-t-il. "Un vaccin doit prendre dix ans pour être développé, là on essaie de le faire en 18 ou 24 mois : il faut aller très vite, et il y a beaucoup de choses réglementaires à faire", ajoute Olivier Bogillot, précisant que les États-Unis disposent de leur propre réglementation.
"Nous avons des usines aux États-Unis qui produiront des vaccins destinés en priorité au marché américain, mais il ne faut pas oublier que l'on a aussi des usines en Europe", rappelle-t-il, évoquant notamment la plus grosse usine de vaccins du monde, située à côté de Lyon. "L'objectif est que les unités de production européennes soient utilisées pour des vaccins en Europe, et il y aura un vaccin pour les citoyens français et européens parce qu'on a les capacités de production pour le faire en Europe".
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"Il faut que l'Europe accompagne Sanofi"
Pour autant, Olivier Bogillot concède qu'à la différence des Européens, "les Américains sont très organisés". Ces derniers "ont une structure dédiée qui nous permet d’aller vite d’un point de vue réglementaire et d’investissement sur les matières premières pour pouvoir faire le vaccin", explique le président de Sanofi France. De l'autre côté de l'Atlantique, au niveau européen, c'est plus difficile, pointe-t-il. "Il n’y a pas de guichet unique au niveau européen. On travaille très bien avec l’Allemagne, mais on aimerait bien que l’Europe s'organise un peu mieux".
Selon lui, les déclarations polémiques de Paul Hudson peuvent être comprises comme une mise en garde. "Si ça peut aider à accélérer les choses, ce sera un moindre mal", abonde Olivier Bogillot. "On espère que l’Europe soit aussi efficace que les États-Unis et qu’on ait le vaccin simultanément sur les deux plaques. Ce qu’on fait avec de l’avance aux États-Unis va nous servir à améliorer le dossier européen qui a une autre réglementation".
Mais Olivier Bogillot le rappelle, s'il y a un vaccin contre le coronavirus, celui-ci sera accessible simultanément sur les deux continents. "Je considère que notre responsabilité est de trouver un vaccin qui soit efficace. On n'est pas les seuls et on ne sera peut-être pas les premiers, mais on a une très grosse expertise et de grosses capacités de production", développe-t-il. "Il faut que l'Europe accompagne Sanofi".