L'exposition pendant la grossesse à certains phénols et phtalates est associée à des troubles du comportement des garçons entre trois et cinq ans, révèle une étude de l'Inserm, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale français.
Trois substances en cause. Les composés "les plus préoccupants à cet égard" sont le bisphénol A, le triclosan et le di-n-butyl phtalate ou DBP, précise l'Inserm dans un communiqué. Le bisphénol A a été interdit de tous les contenants alimentaires en France en janvier 2015, une date ultérieure à la réalisation de cette étude. Le triclosan est un agent antibactérien retrouvé dans certains dentifrices et savons. Le DBP est utilisé comme plastifiant dans les plastiques de type PVC, certaines colles, vernis à ongles et laques pour les cheveux.
Une étude sur 529 garçons. L'étude, menée par l'équipe de Rémy Slama, de l'Institut pour l'avancée des biosciences à Grenoble, a porté sur 529 petits garçons de la cohorte mère-enfant Eden, mise en place par l'Inserm. Les femmes enceintes de cette cohorte ont été recrutées entre 2003 et 2006.
Pendant leur grossesse, ces femmes ont vu leur urine analysée pour doser les biomarqueurs caractéristiques de l'exposition aux phénols et aux phtalates. Il est apparu que 70 à 100% des femmes de la cohorte Eden étaient alors exposées à des niveaux détectables de différentes substances.
Des troubles relationnels et des comportements hyperactifs. Aux troisième et cinquième anniversaires de leur enfant, elles ont rempli un questionnaire évaluant certains aspects de leur comportement comme l'hyperactivité, les troubles émotionnels et les troubles relationnels. L'étude montre que l'exposition au bisphénol A était associée à une augmentation des troubles relationnels à trois ans et des comportements de type hyperactif à cinq ans.
Pour les chercheurs, "ce travail confirme que les effets du bisphénol A sur le comportement, observés chez l'animal de laboratoire, se retrouvent chez l'humain à des expositions faibles, probablement inférieures à celles préconisées par l'autorité européenne de sécurité alimentaire" (EFSA), indique l'Inserm.
Confirmation des liens entre ces substances et des troubles du comportement. Le métabolite du DBP était lui associé à davantage de troubles émotionnels et relationnels, incluant les comportements de repli, à trois ans, mais pas à cinq en ce qui concerne les troubles émotionnels. Les associations entre ce composé et le comportement avaient déjà été mis en évidence dans des études précédentes chez de jeunes garçons et chez l'animal. L'étude a aussi montré une association entre le triclosan et une augmentation des troubles émotionnels à trois et cinq ans.
Il s'agit de la première étude évaluant les effets de ce composé sur le comportement. Des études toxicologiques in vitro et chez l'animal ont mis en évidence que toutes ces substances chimiques étaient des perturbateurs endocriniens, susceptibles d'interagir avec des systèmes hormonaux impliqués dans le développement du système nerveux central. Les résultats viennent d'être publiés dans la revue Environmental Health Perspective.