Les députés ont autorisé jeudi les pharmaciens à délivrer, sous certaines conditions, des médicaments sous prescription médicale obligatoire pour des pathologies bénignes comme des cystites ou certaines angines. "Il n'est pas question ici de donner un droit de prescription aux pharmaciens", a immédiatement prévenu Thomas Mesnier (LREM), rapporteur du projet de loi Santé en cours d'examen à l'Assemblée, à l'origine de cette proposition. "L'objectif est de leur permettre, dans le cadre d'une exercice coordonné avec d'autres professionnels de santé, de pouvoir délivrer des médicaments selon un protocole mis en place par la Haute autorité de santé, après une formation et avec une obligation de lien et d'information au médecin traitant", a-t-il précisé.
Une disposition inspirée de la Suisse
Le député communiste Jean-Paul Lecoq a réclamé le retrait du texte évoquant "le risque d'une médecine à deux vitesses", mais sans être suivi. "Avec ce glissement des tâches entre médecins et pharmaciens, nous craignons que la médecine de droit commun ne soit réservée aux mieux lotis, ceux qui habitent dans les bons endroits, tandis que les citoyens relégués n'auront droit qu'à une médecine dérogatoire", a-t-il dénoncé.
"Cet amendement a été longuement discuté en commission et je ne suis pas favorable à ce qu'il soit supprimé", a répondu la ministre de la Santé Agnès Buzyn. "Je vais m'employer à trouver un consensus entre pharmaciens et médecins, car nous n'avons pas pu, faute de temps, avoir une concertation sur le sujet", a promis la ministre pour qui le projet nécessite "encore du travail pour que tout le monde soit confortable avec cette délivrance de médicaments". Cette disposition est inspirée du système suisse "Net Care", ainsi que d'expérience québécoises et écossaises permettant aux pharmaciens de dispenser des produits de santé de premier secours pour des situations simples en suivant des arbres de décision bâtis entre pharmaciens et médecins.