C’est une opération sanitaire exceptionnelle par son ampleur : 30.000 étudiants et enseignants de l’Université de Dijon vont se voir proposer gratuitement un vaccin contre la méningite, à partir de mercredi. La raison ? Trois personnes ont, en trois mois, été victimes d’un méningocoque dans le même campus, alors qu’elle n’avait pas de lien entre elles. Deux sont mortes de cette maladie qui peut être foudroyante, dont les principaux symptômes sont la fièvre, une gêne face à la lumière, une raideur de la nuque et des nausées plus ou moins fortes.
Après une opération de traitement d’urgence effectuée auprès des proches des malades, l'Agence régionale de Santé(ARS) Bourgogne-Franche-Comté lance désormais une opération de vaccination "élargie". Les autorités sanitaires soupçonnent en effet la présence sur le campus de porteurs "sains" de la maladie. Et une telle campagne de vaccination serait, selon l’ARS, susceptible d’empêcher la contamination de la bactérie, qui se fait par la salive. Mais de quel type de vaccination parle-t-on ?
Un vaccin existe contre la méningite de Dijon. En France, plusieurs types de vaccins existent, car il existe de multiples formes de méningite. Dans le cadre du campus de Dijon, il s’agit de traiter "un méningocoque de type W135". Il s’agit d’une infection d’origine bactérienne apparue dans les années 2000, et pour laquelle deux marques de vaccins sont commercialisées en France : le Menveo et le Nimenrix. Ces vaccins sont déjà utilisés - et remboursés - pour les personnes particulièrement fragiles, comme celles à qui il manque la rate par exemple, ou encore après le retour de voyage en provenance d’un pays exposé. La vaccination est même obligatoire pour les musulmans qui effectuent le pèlerinage à La Mecque, en Arabie Saoudite, où ce sérogroupe W a déjà provoqué des épidémies.
Ce vaccin est utilisé pour prévenir les méningocoques de type W mais aussi A, C et Y. Dans les pays où il a été rendu obligatoire, il a été jugé efficace à plus de 90% pour les méningocoques de type C, le plus courant. Le méningocoque de type W étant beaucoup plus rare, il n’existe pas encore de données suffisantes pour établir de statistiques probantes. Mais les autorités sanitaires françaises sont confiantes dans son efficacité. Depuis trois mois, 48 personnes en contact avec la première étudiante décédée ont d’ailleurs été identifiées, traitées par antibiotiques et vaccinées. Depuis, "aucun nouveau cas n'a été signalé", souligne l'ARS.
Plusieurs méningites, plusieurs vaccins. A noter que d’autres vaccins contre la méningite existent en France. Prevenar 13, le vaccin contre les bactéries dites "pneumocoques", n’est pas obligatoire car ces bactéries ont quasiment disparu en France.
Il existe aussi un vaccin contre les méningocoques du sérogroupe B, qui sont parmi les plus présents en France. Le hic : aucune étude clinique d’ampleur n’a attesté son efficacité pour l’instant. Ce vaccin n’est donc pas recommandé par les autorités, sauf pour les personnes à risque élevé ou dans des situations particulières de forte présence de la maladie.
Un vaccin utilisé spécifiquement contre les méningocoques A et C est aussi utilisé dans des conditions très restreintes pour les enfants de 6 à 11 mois. Enfin, un ultime vaccin contre la "méningite à Haemophilus Influenzae" fait déjà partie du calendrier vaccinale depuis 1993 et a déjà fait ses preuves, même si certaines études suggèrent de le rendre obligatoire.
De manière générale, les médecins regrettent que les vaccins ne soient pas davantage utilisés, notamment ceux traitant des sérogroupes A, C, W et Y. "Le principal frein à la vaccination, c'est que les médecins et le public pensent que la méningite est une maladie rare. C'est effectivement le cas (quelques centaines de cas en France par an), mais elle peut aboutir à une mortalité loin d'être négligeable. Et cela peut être prévenu par la vaccination", résume le Dr Robert Cohen, pédiatre infectiologue, lors d’une interview donnée lundi sur France 5.
Du plomb dans les vaccins ?Plus de 500 familles françaises reprochent au laboratoire CSP (Centre Spécialités Pharmaceutiques), situé à Cournon-d'Auvergne, dans le Puy-de-Dôme, d'avoir acheminé des seringues de vaccins contre la méningite contenant des résidus de métaux lourds. Il s’agissait de vaccin de la marque Méningitec, utilisée spécifiquement contre le sérogroupe C. Après diverses expertises, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a toutefois conclu cet été à une "absence de risque de ces vaccins". En 2014, après la découverte de lots défectueux, l’ensemble des vaccins présents en France avaient été retirés du marché. Mais les familles, elles, entendent bien poursuivre leur combat en justice.