Il sera bien présent jeudi au Conseil des ministres et était déjà assis à son bureau ce lundi à l'Hôtel de Matignon. Pourtant, Michel Barnier (73 ans) a été opéré ce week-end d'une "lésion cervicale", a fait savoir Matignon dans l'après-midi. Dans un communiqué succinct, il est indiqué que le Premier ministre "a repris normalement son travail", que "tout s'est très bien passé" et que les résultats de l'analyse effectuée seront connus "d'ici quelques semaines". Sollicités par l'AFP, les services du Premier ministre n'ont pas souhaité donner davantage de précision, ni sur la pathologie dont souffre le chef du gouvernement, ni sur l'intervention chirurgicale.
"Si c'était un problème vasculaire, il ne serait pas au boulot aujourd'hui"
Contacté, Jean-Paul Hamon, médecin généraliste et président d'honneur de la fédération des médecins de France, évoque plusieurs hypothèses, tout en appelant à une extrême prudence, au regard du peu de précisions dont nous disposons pour l'heure. "Si c'était un problème vasculaire, il ne serait pas au boulot aujourd'hui. Même chose pour une tumeur de la moelle épinière", écarte-t-il d'emblée. Le médecin ne croit pas non plus à une hernie cervicale dans la mesure où il n'y aurait guère besoin, dans ce cas de figure, de procéder à des analyses.
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Le médecin pencherait plutôt pour une "tumeur cutanée", un "ganglion cervical" ou un "mélanome" qui expliquerait la nécessité d'un examen complémentaire "pour déterminer s'il pouvait y avoir des extensions". Parmi la multitude de possibilités, Jean-Paul Hamon cite également le carcinome basocellulaire, le plus fréquent des cancers de la peau, qui se manifeste à travers un bouton, une légion ou des taches rougeâtres sur la couche externe de la peau. Le praticien mentionne, enfin, la tumeur "épidermoïde", qui affecte, comme son nom l'indique, l'épiderme et qui peut survenir chez les sujets particulièrement exposés au soleil. Un cancer qui peut apparaître sous forme de plaies ouvertes, de rigidités au niveau de la peau ou encore de plaques rouges squameuses, mais qui, dans la majorité des cas, est parfaitement traitable.
Une qualification trop vague pour tirer des conclusions
"Ce qui me perturbe un peu, c'est ce délai de plusieurs semaines pour avoir le résultat. Huit, dix jours, je veux bien, mais plusieurs semaines, c'est quand même bizarre", soulève tout de même Jean-Paul Hamon. "On opère rarement au niveau du cou, car ce sont des opérations qui sont un peu risquées", appuie Franck Mignot, médecin généraliste à Paris pour qui cette qualification de "lésion cervicale" est bien trop vague pour tirer une quelconque conclusion. "Ça peut recouvrer des choses simples à des choses plus embêtantes", conclut-il.
C'est la première fois depuis 40 ans qu'un chef du gouvernement français subit une opération. En 1984, le socialiste Pierre Mauroy était admis à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris pour soigner une pneumonie aiguë. Plus récemment, les présidents Chirac et Sarkozy avaient, eux aussi, été hospitalisés en 2005 et 2009, l'un pour un accident vasculaire cérébral et l'autre pour un malaise vagal. François Mitterrand, lui, avait subi deux interventions chirurgicales de la prostate en 1992 et 1994.