Le docteur Jimmy Mohamed explique les conséquences néfastes que peuvent avoir les punitions sur le cerveau des enfants 3:14
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Jimmy Mohamed
Dans l'émission santé "Sans Rendez-Vous" sur Europe 1, le docteur Jimmy Mohamed alerte mercredi sur les conséquences que peuvent avoir certains comportements sur la construction d'un enfant en bas âge.

Faut-il gronder ses enfants ? Les punir, quitte à leur faire peur ? Pourquoi ? Quand ? Comment ? Le débat est éternel. Et la science apporte parfois quelques éclairages. Mercredi dans l'émission "Sans Rendez-vous", le docteur Jimmy Mohamed nous parle des conséquences que peuvent avoir certains comportements sur le développement de l'enfant, en se basant notamment sur les ouvrages de la spécialiste en pédiatrie Catherine Gueguen.

Comment fonctionne les émotions des enfants ?

La partie du cortex qui contrôle nos émotions et impulsions ne commence à maturer qu'à partir de cinq ans, entre cinq et sept ans. Ce qui veut dire qu'en-dessous de cet âge, le cerveau archaïque et émotionnel domine l'enfant. Il se contrôle très difficilement, tempête pour obtenir ce qu'il veut, et peut être traversé de peurs incontrôlées, de très grandes angoisses, voire de grands chagrins. Ce ne sont pas des caprices, ni un trouble pathologique du développement. C'est seulement la conséquence d'une immaturité normale de son cerveau. L'enfant ne peut pas réagir comme un adulte, il en est incapable. Il ne peut pas contrôler ses émotions.

Quelles effets peuvent avoir les violences verbales ?

Les chercheurs de l'université de Harvard se sont penchés sur la question des paroles humiliantes, blessantes ou méprisantes que certains parents pourraient avoir. Elles ont des répercussions néfastes sur le cerveau des enfants, et altèrent le fonctionnement des circuits qui participent à la compréhension du langage. Ces atteintes peuvent être à l'origine de somatisations, de dépressions, ou encore de troubles anxieux à l'âge adulte.

D'autres études montrent que les paroles blessantes peuvent être aussi violentes que des atteintes physiques. Elles peuvent être liées à des risques de délinquance, ou d'agressivité. Les enfants qui subissent ce genre de comportements peuvent développer des troubles de la personnalité en grandissant, des personnalités "borderline", ou narcissiques. 

 

Quelles conséquences pour les châtiments corporels ? 

Les punitions physiques ont des effets délétères sur le cerveau. Des scientifiques ont fait des IRM à des enfants qui ont subi des punitions physiques, et on s'est rendu compte que leur cortex orbito-frontal présentaient une diminution de leur volume. Or, ce cortex joue un rôle très important dans la capacité d'affection, d'empathie, le sens moral et dans la régulation de l'émotion. Ce qui veut dire qu'ils peuvent rencontrer de véritables troubles relationnels à l'âge adulte. 

Qu'en est-il des conséquences de la peur sur l'enfant ? 

L’amygdale, qui se situe dans le cerveau, est le centre de la peur. Elle est parfaitement mature dès la naissance. Ce qui veut dire qu'un enfant qui vient de naître peut avoir peur. Le problème, c'est que les structures qui viennent réguler cette peur ne sont pas matures. Ainsi, un enfant peut être dans cette peur émotionnelle qui va être nocive pour lui. Il va sécréter énormément d'adrénaline et de cortisol. On en a tous besoin, mais quand on en produit en excès, c'est toxique. Cela altère des neurones et des structures cérébrales qui ont un rôle très important dans l'émotion.