La drogue 3-méthylméthcathinone, connue sous le nom de 3-MMC, est une cathinone synthétique qui suscite de nombreuses inquiétudes à travers l’Europe. Elle est revenue dans l'actualité ces derniers temps, avec l'affaire Pierre Palmade. Le comédien en aurait reçu sous forme de huit injections avant son accident de voiture début février, qui a blessé gravement trois personnes dont une femme enceinte qui a perdu son bébé. Europe 1 fait le point sur cette drogue.
Les cathinones sont une famille de substances de synthèse dérivées de la cathinone naturelle (un des principes actifs du khat). Elles imitent plus ou moins les effets de la cocaïne, de la MDMA, de l’ecstasy et des amphétamines. Au total, il en existe plus d’une cinquantaine, et les plus connues sont la méphédrone, la 4-MEC, la 3-MMC, la MDPV, et l’alpha-PVP.
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Officiellement considérée comme une drogue
Entrée en vigueur au mois d’août 2022, une directive de la Commission européenne vient d'inclure la 3-MMC et la 3-CMC, autre cathinone de synthèse, dans sa définition du terme "drogue". Les quelque pays de l'Union européenne où ces substances sont encore légales avaient de fait jusqu'à février 2023 pour les prohiber. Depuis 2011, 55 laboratoires fabriquant des cathinones de synthèse ont par ailleurs été démantelés sur le sol européen, dont "près de la moitié entre 2019 et 2021".
Selon l'Agence France Presse, la consommation de 3-MMC est souvent observée depuis le début des années 2010, presque exclusivement parmi des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes dans des contextes mêlant sexualité, le plus souvent en groupe, et consommation de produits psychoactifs de synthèse comme le chemsex. Ce produit peut se présenter sous la forme de poudre, de cristal mais aussi de comprimés. Sous forme de poudre, elle est vendue 30 euros le gramme en moyenne, contre 60 pour la cocaïne.
Il est "ingéré, sniffé ou consommé par voie rectale", rapporte l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). "L’'injection est également signalée dans des contextes à haut risque, tels que les soirées 'chemsex'", ajoute de son côté l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies. Le produit a pour but de lever les inhibitions, d’augmenter le plaisir.
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Une drogue qui se démocratise
Depuis 2017, des consommations non associées à des relations sexuelles sont rapportées ponctuellement lors de soirées festives au sein du milieu LGBTQ+, d’abord à Paris, à Lyon et Bordeaux puis à Marseille. Elles sont le fait de personnes (hommes et femmes) homosexuelles ou hétérosexuelles. "J’ai déjà vu deux-trois filles acheter de la 3-MMC pour partir dans une soirée, […] des gens hétéros, festifs. […] Il y a une porosité qui se fait à partir de nous en fait. J’ai mes amis hétéros qui connaissent, qui vont en prendre si on en a", rapporte un homme interrogé par l’OFDT.
Jean-Pierre Couteron, addictologue et psychothérapeute, a vu arriver en consultation des usagers ayant "perdu le contrôle". "Il y a un effet de mode et de disponibilité, c'est indéniable", pose Jean-Pierre Couteron, qui consulte au Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) Trait d'Union Oppelia de Boulogne-Billancourt.