Les complémentaires santé à statut mutualiste prévoient une hausse moyenne de 8,1% de leurs cotisations en 2024, une augmentation inédite depuis des années, selon une enquête de la Mutualité française parue mardi.
La hausse sera de 7,3% en moyenne pour les contrats individuels, et de 9,9% en moyenne pour les contrats collectifs obligatoires (souscrits par les entreprises pour leurs salariés), selon les chiffres de la Mutualité, qui fédère les mutuelles françaises. L'enquête porte sur 38 mutuelles, qui protègent 18,7 millions de personnes au total. Les mutuelles sont la famille la plus importante de complémentaires santé (avec 46% des prestations versées), devant les assureurs (près de 35% du marché) et les institutions de prévoyance (un peu moins de 20%).
Des hausses "inacceptables"
Le gouvernement s'inquiète depuis plusieurs semaines des hausses de cotisations annoncées par les complémentaires santé pour 2024, et du risque d'impact sur le pouvoir d'achat. Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau avait indiqué vendredi que si l'on pouvait "expliquer" des hausses "de 5 à 7%", d'autres augmentations déjà annoncées et allant jusqu'à 12%, étaient "inacceptables". Le gouvernement ne peut pas encadrer les tarifs des complémentaires santé et ne peut qu'appeler les consommateurs et les entreprises à faire jouer la concurrence.
Selon les chiffres fournis par la Mutualité, la moitié au moins des adhérents des mutuelles restent dans le cadre de + 5 à +7% évoqué par le ministre de la Santé. La moitié des titulaires d'un contrat individuel (souscrit par un particulier) ou collectif (souscrits par une entreprise pour ses salariés) auront une hausse inférieure à 6,9%, a-t-elle fait valoir. "Les dépenses de santé ont été extrêmement dynamiques en 2023", explique Eric Chenut, le président de la Mutualité française. "La hausse a été de +6% alors qu'on s'attendait plutôt à +3 ou +4%".
La hausse est notamment alimentée la revalorisation des salaires et tarifs des soignants, une plus forte consommation de soins, ou la diminution du remboursement des soins dentaires par la Sécu (de 70% du tarif à 60%). De façon plus structurelle, "les dépenses de santé augmentent plus vite que la richesse produite" depuis des années, souligne Eric Chenut.
Selon le président de la Mutualité, l'une des solutions pour tenter d'éviter des hausses de cotisations trop fortes pourrait être de revoir le panier de soins de référence, le "contrat responsable et solidaire". Ce contrat "embarque un très haut niveau de définition des couvertures, et du coup aussi un très haut niveau de coûts", dit-il. Il serait peut-être utile de lui "donner une modularité plus grande" pour "permettre aux gens de se couvrir au niveau qui leur est nécessaire".