Nouveau scandale sanitaire révélé jeudi. Un essai clinique "sauvage", et donc illégal, mené sur au moins 350 malades de Parkinson ou d'Alzheimer, a été interdit par l'ANSM, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, qui a qualifié la pratique de proche du charlatanisme. Un constat partagé par le professeur Philippe Amouyel, Médecin et chercheur spécialiste des maladies du vieillissement au CHU de Lille, et directeur de la Fondation Alzheimer.
"Ça en a toutes les caractéristiques, sans les conditions rigoureuses imposées pour la protection des personnes"
"Je suis d'accord avec les autorités sanitaires", lance le spécialiste. Lors de cet essai, les patients étaient accueillis dans une abbaye près de Poitiers pour qu'on leur pose un patch contenant une molécule censée traiter leur maladie, avant d'effectuer une prise de sang le lendemain. Ces pratiques menées par le Fonds Josefa n'ont pas empêché le controversé professeur Henri Joyeux, connu pour sa bataille contre les vaccins, à la tête du projet, d'affirmer sur Europe 1 que cela "n'a rien à voir avec une étude clinique".
"Même si Henri Joyeux dit que non, si ce n'est pas un essai clinique, je ne sais pas ce que c'est...Ça en a toutes les caractéristiques, sans les conditions rigoureuses imposées pour la protection des personnes qui s'y prêtent. [...] C'est un essai clinique", affirme au contraire le directeur de la Fondation Alzheimer. "Avant que vous puissiez utiliser une molécule, il faut des données qui confirment son intérêt et son innocuité chez l'animal. Il y a tout un processus extrêmement important qui permet de faire en sorte que, si à quelque moment que ce soit, la molécule présente un effet indésirable ou autre, on puisse immédiatement stopper l'essai", rappelle l'expert. "Or, tous les éléments ne sont pas réunis dans ce dossier".