Le nombre de nouveaux diagnostics de séropositivité à Paris a diminué de 16% entre 2015 et 2018, une "baisse importante" attribuée au dépistage et au traitement préventif PrEP, ont annoncé lundi la ville et les autorités sanitaires. "En 2018, 906 Parisiennes et Parisiens ont appris leur séropositivité, contre 1.078 en 2015, soit un recul de 16%", ont indiqué la mairie de Paris et l'Agence régionale de santé (ARS) d'île-de-France dans un communiqué commun.
Selon les derniers chiffres nationaux officiels, publiés fin mars, 6.400 personnes ont découvert leur séropositivité en France en 2017, un nombre qui ne baisse plus depuis plusieurs années. "La contribution de Paris à la lutte contre l'épidémie de VIH en France est fondamentale car la capitale concentre une part disproportionnée des découvertes de séropositivité", ont poursuivi la ville de Paris et l'ARS.
Première raison invoquée : le PrEP
Cette baisse est particulièrement marquée chez les hommes gays et bisexuels (ou HSH, "hommes ayant des rapports sexuels entre hommes"), pour lesquels elle se monte à 22% (et même 28% quand ces hommes sont nés en France).
Au premier rang des raisons invoquées, Paris et l'ARS citent "le déploiement de la PrEP dans la communauté gay parisienne". La PrEP ("prophylaxie pré-exposition") consiste à prendre des comprimés de Truvada ou de ses génériques tout en étant séronégatif, pour faire barrage au virus, alors que ce médicament était initialement destiné aux séropositifs. La France a été le deuxième pays, après les États-Unis, à autoriser la PrEP, et le premier à la rembourser à 100%, à partir de janvier 2016.
Ce traitement vise en priorité les populations "à risques" (dont les hommes homosexuels ou les personnes prostituées), pour qui il est recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il s'accompagne d'un suivi rigoureux. Les utilisateurs doivent se faire dépister tous les trois mois, y compris pour d'éventuelles autres infections sexuellement transmissibles (IST), dont la PrEP ne protège pas.
Une augmentation de la couverture du dépistage constatée
Autre raison avancée à la baisse observée à Paris : "L'augmentation de la couverture du dépistage, qui a pu contribuer à une érosion du nombre de personnes ignorant leur séropositivité". Une fois placées sous traitements antirétroviraux, les séropositifs ne transmettent plus le virus du sida à leurs partenaires sexuels. Selon l'agence sanitaire Santé publique France, le nombre de sérologies réalisées par des laboratoires parisiens publics et privés est passé de 493.600 en 2015 à 533.770 en 2018 (+8%).
Pour autant, "des défis demeurent", estiment Paris et l'ARS. Ainsi, "la baisse des nouveaux diagnostics ne concerne quasiment pas les femmes, qui représentent 30% des découvertes de séropositivité à Paris en 2018". Cela plaide selon elles "pour un meilleur accès des femmes aux nouvelles stratégies de prévention, dont la PrEP".
De même, "la baisse n'est pas non plus significative pour les personnes nées à l'étranger :"Les HSH nés à l'étranger représentent plus de 40% des HSH parisiens ayant découvert leur infection en 2018". Ces résultats ont été dévoilés à l'occasion de la conférence Fast Track Cities, qui réunit à Londres les villes impliquées dans la lutte contre le VIH au niveau mondial.