Depuis que sa fille est née sans thyroïde en 1986, quelques mois après la catastrophe de Tchernobyl, Robert Gruninger s'est donné la mission d'avertir des dangers des résidus radioactifs. Sur une carte de France, il a recensé toutes les zones où le nuage est passé et où les sols sont encore contaminés. Au feutre rouge sont entourées les Alpes, les Vosges, l'Alsace... "On a encore des terrains où il ne faudrait pas rester plus de deux heures à camper ou à faire un pique-nique", assure-t-il.
De la radioactivité dans les champignons. Mardi, l'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl aura 30 ans. Pourtant, la radioactivité n'a diminué que de moitié en France, assure Robert Gruninger. Régulièrement, il mesure les taux de césium, la principale matière radioactive, dans les zones concernées. On en trouve dans les sols, dans les zones où l'eau s'est accumulée et dans les champignons, comme les cèpes et les girolles. Et d'après lui, rien n'est fait pour prévenir la population de ces dangers.
Jusqu'à 100 fois plus que le niveau naturel. En août, une étude avait révélé que les sols du parc national du Mercantour, dans les Alpes du Sud, présentaient encore une radioactivité bien supérieure à la normale. "Bivouaquer deux heures sur certaines de ces zones induit une exposition non négligeable", prévenait la Comission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). Selon l'étude de l'organisme, la radioactivité y était jusqu'à 100 fois supérieure au niveau naturel.
"La loi du silence". "Il y a des zones où il y a autant de radioactivité qu'à Tchernobyl", affirme Robert Gruninger, tout en reconnaissant qu'elles sont "très restreintes". "Normalement, ce qui avait été demandé, c'est qu'il y ait un repérage, qu'on dise aux gens de ne pas pique-niquer à ces endroits-là", assure-t-il. "On est toujours dans la loi du silence."