Ce trouble de la vision touche tout le monde de manière inéluctable. À partir de la quarantaine, toute personne est atteinte de presbytie, et voit peu à peu sa vision de près se détériorer, nécessitant souvent le port de lunettes. Mais si la presbytie ne peut être totalement corrigée, des opérations permettent en revanche de compenser cette baisse progressive de la vue. Invité mercredi de Sans rendez-vous, sur Europe 1, Damien Gatinel, chirurgien-ophtalmologue, et chef de service à la Fondation Rothschild, est venu présenter les différentes possibilités qui s'offrent aux patients.
Quand et comment la presbytie se manifeste-t-elle ?
La presbytie intervient "lorsque le cristallin, un petit organe de l’œil, perd de sa souplesse et n'est plus suffisant pour permettre à l’œil de faire la mise au point pour les distances proches", explique Damien Gatinel, qui précise que ce trouble de la vision se signale en moyenne à l'âge de 43 ans.
Selon le médecin, le premier signe annonciateur de la presbytie est "la difficulté qu'éprouvent certains à lire des petits caractères sous une lumière un peu tamisée".
"On ne corrige pas vraiment la presbytie en chirurgie"
"Beaucoup" de patients désirent corriger leur presbytie, assure Damien Gatinel, ce trouble de la vision demeurant "très invalidant". Si, actuellement, les chirurgiens ophtalmologistes "opèrent plus de gens pour la myopie", "en terme de bouche à oreille, la chirurgie de la presbytie a plus de succès".
En réalité, une opération ne peut rendre la vue parfaite, tient à préciser le spécialiste. "On ne corrige pas vraiment la presbytie en chirurgie", confirme-t-il, "car on ne sait pas rendre la souplesse au cristallin". Mais, précise-t-il, "on peut pallier à la presbytie, la compenser".
Quelles sont les méthodes d'opération ?
"Il y a deux grandes familles de techniques en chirurgie réfractive. D'un côté les techniques au laser, où on sculpte la cornée, et les techniques où on remplace le cristallin par un implant", explique l'invité d'Europe 1. Mais avant de recourir à l'une des ces techniques, Damien Gatinel recommande d'effectuer des tests afin de "s'assurer qu'il n'y a pas d'autres problèmes que la presbytie". Par exemple, un "bilan de la correction visuelle", qui doit se pencher sur l'état du cristallin, son éventuelle perte de transparence pouvant démontrer que le patient est atteint de cataracte, et nécessitant donc la pose d'un implant.
Car l'état de la vision de loin chez le patient va influer directement sur le déroulement de l’opération. Ainsi, dans le cas d'un myope qui devient presbyte, "on va essayer de corriger sa myopie sur l’œil dominant, de corriger sa vision pour qu'elle soit bonne de loin. Sur l’œil non dominant, on va laisser un peu de myopie, voire toute la myopie si elle correspond à ce dont le patient a besoin pour voir de près, ou la réduire à un degré tel que le patient pourra toujours lire", explique Damien Gatinel.
Pour les hypermétropes, qui ne voient ni de près ni de loin, "le fait d’améliorer la vision de loin améliore automatiquement la vision de près". Dans les faits, "on privilégie la vision de loin sur l’œil dominant, et la vue de près sur l'autre". L'opération permet aussi d'augmenter la profondeur de champ des yeux du patient.
Enfin, concernant les emmétropes, à savoir les personnes voyant très bien de loin, "on est face à une situation où on ne peut pas redonner de la vision de près sans perdre un peu de vision de loin", détaille Damien Gatinel. "Mais on va pouvoir, sur un des deux yeux, améliorer un peu la vision de près à un œil, ce qui fait généralement baisser la vision de loin, et on garde la bonne vision de loin de l'autre œil".
La technique de l'implant, elle, peut s'appliquer à un patient atteint de la cataracte, trouble de la vision entraîné par une perte de transparence du cristallin. "C'est une bonne occasion de compenser la presbytie en utilisant des implants 'multifocaux', qui permettent de mieux voir de loin, de près, mais aussi au stade intermédiaire", explique Damien Gatinel.