Le ministère de l'Agriculture a annoncé mardi relever le risque lié à la grippe aviaire de "négligeable" à "modéré" face à la propagation du virus dans la faune sauvage et à la détection d'un premier foyer dans un élevage français pour l'automne 2023.
Un arrêté publié mardi matin au Journal Officiel "élève le niveau de risque de 'négligeable' à 'modéré' sur l'ensemble du territoire métropolitain", indique dans un communiqué le ministère, précisant qu'il "a pour effet de renforcer les mesures de prévention et de biosécurité pour les filières d'élevage mais également pour les chasseurs". "Cette mesure est prise alors qu'un foyer en élevage vient d'être enregistré en France dans le Morbihan, premier cas de l'automne 2023", a fait savoir le ministère de l'Agriculture dans un communiqué.
Mise à l'abri de toutes les volailles dans les zones à risque particulier
Le risque épizootique auquel sont exposés les volailles et autres oiseaux captifs en cas d'infection des oiseaux sauvages par un virus de l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) est classé en trois catégories : "négligeable", "modéré" et "élevé".
Concrètement, le passage en niveau de risque "modéré" se traduit par la mise à l'abri de toutes les volailles dans les zones à risque particulier (ZRP) ou des palmipèdes âgés de moins de 42 jours dans les zones à risque de diffusion (ZRD) des élevages par la faune sauvage. Tous les véhicules transportant des volailles doivent aussi être bâchés et des restrictions mises en place concernant "les rassemblements de volailles et d'oiseaux captifs". Par ailleurs, "le transport et l'utilisation d'oiseaux appelants" pour la chasse connait aussi des restrictions, précise le ministère dans son communiqué.
48 foyers de grippe aviaire détectés en Europe depuis le 1er août
La grippe aviaire, qui sévit en Europe, en Asie, en Afrique et en Asie, a conduit à l'euthanasie de dizaines de millions de volailles ces dernières années en France. Ce risque lié à ce virus avait été abaissé à "négligeable" en juillet. Avant cela, la France était restée en niveau de risque "élevé" à compter de novembre 2022, avant de redescendre à "modéré" en avril.
L'arrêté au JO précise que la décision de relever le niveau de risque a été prise "suite à la mise en évidence d'une dynamique d'infection dans l'avifaune sauvage migratrice dans les pays voisins". "L'Europe enregistre depuis plusieurs semaines une dynamique de propagation du virus de l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) dans la faune sauvage migratrice (oies cendrées et bernache notamment) mais également dans des élevages d'Europe du Nord (Allemagne, Danemark, Pays Bas) et d'Europe centrale, particulièrement en Hongrie", a précisé le ministère de l'Agriculture.
Selon le dernier bulletin hebdomadaire de la plateforme française d'épidémiosurveillance en santé animale, 48 foyers de grippe aviaire ont été détectés en Europe depuis le 1er août, principalement au Royaume-Uni, en Hongrie et en Bulgarie. Des foyers ont aussi émergé récemment en Italie, "dans une zone à forte densité d'élevages".
>> LIRE AUSSI - Qu'est-ce que la grippe aviaire ?
Les cas détectés concernent "un certain nombre de pays (Danemark, Pays-Bas, Allemagne en particulier) situés en amont des voies de migration qui traversent la France", précise le ministère. "La pression d'infection liée à la faune sauvage migratrice va donc progressivement s'accroître en France", y est-il ajouté. À ce stade, 4 grues cendrées dans la Meuse et en Camargue, ainsi qu'un goéland argenté dans le Morbihan ont été confirmés comme infectés.
C'est "à proche distance" de ce goéland que le tout premier élevage contaminé a été détecté lundi. Il s'agit d'un élevage de dindes dans le Morbihan et "toutes les mesures sont prises pour gérer ce premier foyer en élevage de l'automne 2023", a précisé le ministère.
La vaccination contre la grippe aviaire obligatoire dans les élevages de plus de 250 canards
Dans l'espoir de maîtriser enfin le virus, le gouvernement avait par ailleurs rendu obligatoire depuis le 1er octobre la vaccination contre la grippe aviaire dans les élevages de plus de 250 canards, hors reproducteurs. Les mesures "renforcées" liées au relèvement du niveau de risque "viennent en complément" de cette campagne, a précisé la même source.
Les canards ont été identifiés comme un vecteur de diffusion du virus dans la mesure où ils l'excrètent dans l'environnement plusieurs jours avant de présenter des symptômes. L'influenza aviaire hautement pathogène a touché la France de 2015 à 2017 puis quasiment en continu depuis fin 2020. Depuis l'été 2021, 32 millions de volailles ont été abattues dans le pays.