Le gouvernement philippin a annoncé vendredi des poursuites contre six responsables de Sanofi Pasteur dans l'enquête sur le décès d'enfants qui avaient reçu le vaccin Dengvaxia contre la dengue du groupe pharmaceutique français. Une procédure contre laquelle le laboratoire a exprimé son "profond désaccord".
Un scandale aux Philippines. L'affaire avait débuté fin 2017, après une campagne de vaccination publique qui avait concerné 837.000 écoliers. Sanofi avait présenté le Dengvaxia, premier vaccin contre la dengue au monde, comme une percée dans le combat contre cette maladie transmise par des moustiques et qui fait chaque année des centaines de morts dans l'archipel, essentiellement des enfants. Mais le géant y avait créé la panique fin 2017 en annonçant que le vaccin pouvait aggraver les symptômes chez les personnes jamais infectées auparavant en cas d'exposition au virus.
Une dizaine de décès ? Dans la foulée, Manille avait suspendu sa campagne de vaccination tandis que des centaines de milliers de parents terrorisés se demandaient si leurs enfants étaient en danger. Les autorités philippines avaient annoncé une enquête sur le décès d'une dizaine d'enfants qui avaient reçu le vaccin. Sanofi a toujours contesté tout lien de causalité entre ces décès et son vaccin.
"Négligence grave ayant entraîné la mort". Le département de la Justice a annoncé vendredi qu'il y avait des raisons d'engager des poursuites contre des responsables de Sanofi pour "négligence grave ayant entraîné la mort" et que le tribunal serait saisi. Mais il n'a donné aucun calendrier. Le ministère précise que ces poursuites se fondent sur une enquête sur la mort de dix enfants, en ajoutant que d'autres plaintes font encore l'objet d'une enquête.
"Les membres du conseil d'administration de Sanofi Pasteur ont activement fait la promotion du produit en dépit de la connaissance des risques associés au vaccin, en dépit de la connaissance des risques associés à son utilisation", a déclaré Markk Perete, porte-parole du ministère. "Par la suite, quand des décès certains et d'autres urgences médicales sont apparues, ils n'ont pas porté assistance aux victimes et à leurs familles", a-t-il dit. "C'est une infraction par négligence." Le ministère précise que les faits sont passibles de six ans d'emprisonnement.
Sanofi n'a pas "observé activement et surveillé de près les sujets vaccinés". Les procureurs philippins blâment par ailleurs Sanofi pour "ne pas avoir observé activement et surveillé de près les sujets vaccinés", selon le communiqué du ministère, qui précise que des poursuites seront aussi engagées contre des responsables du ministère philippin de la Santé. Les responsables de Sanofi n'ont pas pu être joints dans l'immédiat.
Le groupe a toujours affirmé n'avoir jamais identifié aucun décès lié à l'administration de son vaccin. Sanofi a annoncé en décembre que le Dengvaxia était désormais autorisé à la vente en Europe pour des personnes ayant déjà été infectées une fois par le virus. Depuis fin 2015, Dengvaxia a déjà été approuvé dans plusieurs pays endémiques en Amérique latine et en Asie. Une demande de mise sur le marché est à l'étude aux Etats-Unis.