Vaccin contre la grippe : les enjeux d'une campagne hors-norme
La campagne de vaccination contre la grippe débute ce mardi. Mais en pleine seconde vague du coronavirus, les autorités sanitaires s'attendent à une demande plus forte que les années précédentes. Pour y faire face, les pharmacies ont commandé 20% de doses supplémentaires, et le gouvernement a renforcé le stock d'État.
La campagne de vaccination contre la grippe, qui touche entre deux et six millions de Français chaque hiver, commence mardi. Elle est destinée en priorité aux populations fragiles - personnes de plus de 65 ans, malades chroniques et femmes enceintes, soit un peu moins de 15,8 millions de personnes -, et aux soignants (316.000 personnes). Mais cette année, avec l’épidémie de Covid-19 , les professionnels de santé craignent une ruée sur ce vaccin.
La France aura-t-elle suffisamment de doses pour tout le monde ?
En théorie, oui. Les pharmacies ont commandé 20% de doses de plus que l'an dernier, soit entre 13 millions et 14 millions. Un stock d’autant plus important que la moitié des personnes ciblées par la campagne contre la grippe n’ont pas fait le vaccin les autres années.
Peut-on anticiper la demande en vaccins ?
Cette année, la demande semble plus pressante qu'à l'habitude en raison du contexte sanitaire. "Les patients téléphonent, nous demandent si nous avons reçu les vaccins, s’il est possible d’en mettre de côté...", rapporte Gilles Bonnefond, le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines, également pharmacien à Montélimar. "S’agit-il seulement de patients qui ont l’habitude de se vacciner ou des patients nouveaux qui ne se sont jamais vaccinés ? C’est difficile à déterminer."
Si les personnes vulnérables ne peuvent pas se faire vacciner, faute de doses suffisantes, ce serait évidemment une catastrophe pour elles, avec le risque d’une double atteinte : grippe et Covid. Mais avec également de lourdes conséquences pour les services hospitaliers déjà en tension : l'hiver dernier, la grippe a conduit, selon l’Académie de pharmacie, plus de 10.000 patients à l'hôpital dont 1.900 en réanimation.
Pourquoi le vaccin n'est-il pas réservé aux seules personnes vulnérables ?
Le gouvernement a bien essayé de demander fin août aux pharmaciens de réserver le vaccin aux seules personnes prioritaires, les 16 millions qui reçoivent le bon de l'Assurance maladie. En vain, explique Philippe Besset, le président de la fédération des syndicats pharmaceutiques de France. "Il est exclu de refuser une dose de vaccin à quelqu’un qui veut se faire vacciner, car il peut avoir de nombreuses raisons légitimes pour le demander", fait-il valoir.
Pour éviter le crash, le ministère de la Santé mise sur le stock d'Etat, augmenté de 30% par rapport aux années précédentes. Mais aussi sur une grippe déjà annoncée comme atténuée par rapport à l’an dernier.