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Inès Zeghloul avec AFP / Crédits : MUSTAFA YALÃ§Ä N / ANADOLU / ANADOLU VIA AFP , modifié à
66 personnes ont été interpellées ce vendredi après une manifestation bloquant le haut des Champs-Elysées avec des bottes de paille et des tracteurs.  Les agriculteurs entendaient prendre "symboliquement et pacifiquement l'Etoile", ont-ils expliqué sur les réseaux.

Mottes de paille, tracteurs et arrestations à l'Arc de Triomphe : la Coordination rurale a organisé une action surprise vendredi matin dans le haut des Champs-Élysées, qui a mené à 66 interpellations. D'autres actions avaient lieu ailleurs à Paris : quatre tracteurs bloquaient la sortie du périphérique porte d'Ivry, d'autres se positionnaient au niveau de la sortie de l'A4 à Charenton, selon la police. "Un convoi de tracteurs est en route pour le château de Versailles", où ils seront attendus par un dispositif policier, a-t-on ajouté de mêmes sources.

Axel Masson, éleveur dans le Loir-et-Cher, a expliqué à l'AFP qu'ils étaient une centaine rassemblés dès 4h vendredi matin "dans le calme et dans le respect" devant l'Arc de Triomphe. Tracteurs et ballots de paille se sont installés sur la célèbre avenue au petit jour. Vers 9h40, la manifestation au pied de l'Arc a pris fin, selon une journaliste AFP. Un peu plus tôt, les services de la mairie de Paris ont nettoyé les lieux et la circulation a repris sur la célèbre avenue. Soixante-six interpellations ont eu lieu, selon la préfecture de police. Parmi elles, Patrick Legras, l'une des figures de la Coordination rurale, confirme le syndicat, à la veille du dernier weekend du Salon de l'Agriculture.

Le syndicat avait annoncé sur X être mobilisé "pour sauver" l'agriculture française", avant le dernier week-end du Salon de l'agriculture. "La Coordination rurale prend symboliquement et pacifiquement l'Etoile", a-t-il également écrit, demandant "des actes rapidement pour sauver nos 45% d'exploitations en détresse financière". "On est monté ce matin pour déposer une gerbe à l'Arc de Triomphe pour rendre hommage à tous les agriculteurs qui se suicident", a précisé Axel Masson. "On n'est toujours pas entendu par l'État", a-t-il ajouté.

"Ecouter la colère" 

Alors qu'ils devaient se rendre initialement au château de Versailles dans une manifestation autorisée, "les agriculteurs ont fait ce détour pour aller sur la tombe du soldat inconnu", affirme Christian Convers, secrétaire général de la Coordination rurale, joint par l'AFP. Mais "ils n'ont pas eu le temps d'aller bien plus loin puisque les forces de police se sont tout de suite interposées et la discussion a tourné court". Interrogée sur cette action, la ministre déléguée à l'Agriculture et à la Souveraineté alimentaire Agnès Pannier-Runacher a rappelé que "tout le monde doit respecter la loi et une manifestation qui n'est pas déclarée est donc une manifestation illégale".

Mais "cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas écouter la colère des agriculteurs et c'est ce que nous faisons en prenant des mesures très concrètes, des mesures d'urgence", a-t-elle martelé sur Sud Radio, affirmant qu'"aujourd'hui l'argent descend dans les cours de ferme". Face à la colère agricole, vive depuis plusieurs semaines, l'exécutif s'efforce de répondre aux agriculteurs qui manifestent pour obtenir un meilleur revenu et moins de contraintes administratives et environnementales, au prix de concessions sur les pesticides, notamment.

Le convoi a finalement bien pris la direction du château de Versailles et, à la mi-journée, plusieurs dizaines de tracteurs stationnaient devant les grilles. "C'est quand même quelque chose d'avoir manifesté devant Versailles. D'un point de vue symbolique, ça représente beaucoup", assure Baptiste, originaire de Bourgogne. Dans les rangs des agriculteurs présents ici, certains, comme Cyril, regrettent l'absence de leurs confrères interpellés ce vendredi matin aux abords de la place de l'Étoile. "Ils ont interpellé pour eux pour pas grand-chose. On n'a encore jamais rien cassé. Et puis on n'a pas du tout l'intention de casser quelque chose", assure cet agriculteur.

Contrairement à la manifestation parisienne de vendredi matin, celle-ci est bel et bien déclarée et autorisée par la préfecture de police. "Si l'on doit revenir toutes les semaines jusqu'aux Jeux olympiques, on le fera", confient à Europe 1 ces agriculteurs devant les grilles dorées du château de Versailles.