Jurassic Park… en 2018 ! Il ne s'agit pas là de l'annonce d'un prochain long-métrage de la saga, mais bel et bien d'une potentielle découverte scientifique étonnante. Des chercheurs américains de l'université de Harvard, emmenés par le généticien George Church, travaillent depuis 2015 sur la création d'un embryon hybride qui aurait à la fois des gènes d'éléphants et de mammouths. L'espèce a beau avoir disparu il y a 4.000 ans, cela n'arrête pas ces scientifiques. Mais leurs motivations semblent douteuses.
Un mélange d'éléphant d'Asie et de mammouth. Mais alors, comment ces chercheurs s'y prennent-ils pour relever ce pari fou ? "Les mammouths se sont conservés pendant des milliers d'années dans le sol gelé de la Sibérie. On a trouvé de la chair, des cellules, et donc de l'ADN à l'intérieur", explique le scientifique Jean-Baptiste de Panafieu, auteur des Dinosaures et autres animaux préhistoriques aux éditions Milan. "L'ADN est très abîmé par son séjour de plusieurs milliers d'années sous terre. Leur idée est de faire une espèce de mélange d'ADN d'éléphant d'Asie et de mammouth", précise-t-il au micro d'Europe 1, vendredi.
Un utérus artificiel. Le Parisien, qui a rapporté l'information, indique que George Church dit avoir déjà "ressuscité" 44 gènes de mammouth grâce à une technologie génétique de pointe. Il veut ensuite remplacer certaines parties du génome d'un éléphant d'Asie par ces fragments d'ADN. Cet embryon pourrait grandir dans une sorte d'utérus artificiel, en cours d'élaboration. En effet, l'éléphant d'Asie étant une espèce protégée, il est hors de question de "développer pendant 22 mois (le temps de gestation d'une éléphante, ndlr) un embryon d'éléphant-mammouth", souligne Jean-Baptiste de Panafieu.
Si l'opération réussit, un éléphant-mammouth doté de longs poils, de petites oreilles, de courtes défenses et d'une couche de graisse sous l'épiderme pourrait naître. Des caractéristiques qui, selon l'équipe américaine, lui permettrait de survivre au froid et de désintéresser les braconniers.
"Ça parait complètement absurde." Mais alors, quel est réellement l'objectif de ces recherches ? "C'est parce que beaucoup de gens, comme moi, aimeraient voir un vrai mammouth, que ce chercheur obtient de l'argent pour faire ses recherches qui, je pense, ont d'autres objectifs", avance Jean-Baptiste de Panafieu. Le spécialiste des animaux préhistoriques douche les minces espoirs des optimistes : "Les mammouths ont disparu et ne reviendront pas." Pire, il soupçonne l'équipe scientifique de cacher son jeu. "Maintenant, George Church ne dit plus qu'il veut faire renaître le mammouth, il dit qu'il veut faire des hybrides pour sauver les éléphants des braconniers. Ça parait complètement absurde. Ce n'est pas en créant de faux éléphants qu'on va protéger les éléphants réels", peste-t-il. Pour lui, "l'objectif de tout cela est de travailler sur des techniques de clonage, de modification d'ADN". Jurassic Park, ailleurs qu'à l'écran, ce n'est donc pas forcément pour tout de suite.