Le forum de l’eau à Dakar, le plus grand événement international sur ce thème qui a lieu tous les trois ans, entame ce mardi sa deuxième journée. Les discussions se concentrent, pour cette neuvième édition, autour des enjeux de sécurité liés à l’approvisionnement en eau douce, en particulier dans les pays du Sud.
Parmi les moyens d’éviter des conflits, la lutte contre les fuites d’eau potable se hisse en tête des priorités. Dans le monde en effet, 50% de l’eau puisée par une collectivité n’est jamais redistribuée aux foyers, en raison de canalisations perforées au sein du réseau. En France, ce pourcentage tourne autour de 20%. Des solutions pourtant très prometteuses, issues de l’intelligence artificielle, existent pour réduire cette proportion à moins de 10%.
Des capteurs pour localiser et sélectionner les tuyaux qu’il faut en priorité réparer
Le plus grand réseau français, le syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif), a récemment déployé une série de nouvelles technologies pour améliorer ses rendements. Depuis 2018, des capteurs placés sur les tuyaux repèrent les fuites et collectent des données sur la façon dont les canalisations, invisibles car profondément enfouies sous nos pieds, s’abîment au cours du temps.
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"L’intelligence artificielle nous permet d’investir dans le renouvellement des canalisations aux endroits qui sont les plus critiques", explique Delphine Alrivie, gestionnaire de patrimoine, chargée des outils techniques du Sedif. "Et de remplacer des canalisations qui sont susceptibles de casser de manière rapide, sans aller remplacer quelque chose qui est encore en bon état", poursuit-elle au micro d'Europe 1.
"On n’investit pas l’argent au bon endroit"
La solution technologique utilisée en Île-de-France a été développée il y a trois ans par Altereo. Christian Laplaud, son fondateur, est persuadé que l’investissement dans les réparations de canalisations françaises pourrait être bien plus efficace.
"On a la déconvenue de constater que chaque année, un milliard de mètres cubes d’eau potable se perdent en fuite en France", rapporte-t-il en citant les chiffres du ministère de la Transition écologique. "Et ce, malgré un investissement de 2,5 milliards d’euros par an dans le renouvellement des canalisations. On n’investit pas l’argent au bon endroit, puisqu’on remplace des tuyaux présentant moins de défaillances que d’autres", regrette-t-il.
Sa société, Altereo, opère également en Afrique, où deux milliards de personnes, majoritairement urbaines, vivront en 2050. Les villes y déplorent aujourd’hui 60% de leur eau potable perdue sous forme de fuites, au sein de leur réseau. Un fléau qui a besoin d’être combattu le plus vite possible.