Les grands glaciers de l'Ouest de l'Antarctique s'effondreraient si ceux du bassin Amundsen, plus petits, étaient totalement déstabilisés sous l'effet du réchauffement, un scénario qui verrait le niveau des océans augmenter de trois mètres sur plusieurs siècles. Une étude des scientifiques de l'Institut Potsdam sur la recherche climatique publiée lundi dans les Comptes-rendus de l'académie américaine des sciences (PNAS) souligne que les glaciers de l'Amundsen perdent déjà de leur stabilité. Ils seraient le premier "verrou" à sauter dans le système climatique de l'Antarctique, expliquent-ils.
Un point de non retour. Les simulations effectuées par ordinateur révèlent que la fonte des glaces en cas de réchauffement des océans peut déclencher un mouvement de fonte qui se poursuit ensuite pendant des siècles, voire des millénaires, soulignent-ils. "Une fois que les glaciers sont perturbés, ce qui est le cas aujourd'hui, ils répondent de manière non-linéaire. Ainsi, leur effondrement se produit relativement soudainement après une longue période de stabilité apparente durant laquelle peu de changements sont observés", explique Johannes Feldmann, le principal auteur. La même dynamique existe par exemple dans la forêt amazonienne ou le système de la mousson en Inde.
Déjà une perte de 20% des glaces par endroits. Alors que les océans se réchauffent, les eaux plus chaudes font lentement fondre les plaques de glace se trouvant sous la surface et qui sont la prolongation des glaciers terrestres. Ceux-ci s'en trouvent ainsi déstabilisés. L'épaisseur des glaces flottant autour de l'Antarctique s'est réduite de près de 20% à certains endroits ces deux dernières décennies. "Selon nos simulations, 60 ans de fonte des glaces au rythme actuellement observé dans l'Antarctique sont suffisants pour déclencher un processus irréversible. Cela entraînera une montée du niveau des océans de trois mètres environ", explique Johannes Feldmann. Mais, a-t-il insisté "ce processus a déjà probablement commencé".
Gaz à effet de serre ou réchauffement ? "Jusqu'à présent nous ne disposons pas d'assez d'indications pour dire si la déstabilisation des glaciers d'Amundsen est actuellement due aux émissions de gaz à effet de serre et au réchauffement du climat qui en résulte", a toutefois relevé Anders Levermann, chercheur et co-auteur de la recherche.