Récemment extrait d'une cave troglodyte privée du Maine-et-Loire, le fossile d'un prédateur marin de cinq à six mètres de long et vieux de 90 millions d'années, un spécimen rarissime en Europe, a été présenté jeudi au Muséum des sciences naturelles d'Angers, où il va être longuement étudié.
90 millions d'années. "Exceptionnelle", cette découverte "change beaucoup de choses" pour les chercheurs qui travaillent sur les reptiles marins dans le monde entier, assure Peggy Vincent, paléontologue au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, venue étudier à Angers ce spécimen de la famille des plésiosaures, de gros reptiles marins qui vivaient à l'époque des dinosaures dans les mers et les océans. "Cet animal a été trouvé dans des niveaux qui datent d'il y a 90 millions d'années et de cet âge-là, en Europe, pour le groupe des plésiosaures, on ne connaissait rien ou juste quelques petits éléments isolés, des vertèbres par exemple, mais rien d'aussi important et d'aussi complet", explique-t-elle.
Libérer le fossile du tuffeau #Anjou tout un travail de patience #CultureAngers#Muséumpic.twitter.com/os24DczpD6
— Ville d'Angers (@Angers) 4 mai 2017
Un animal déjà connu ou qui a migré. Des ossements fossilisés de reptiles marins de cet âge avaient déjà été retrouvés en Afrique du Nord et aux États-Unis. Avec cette première européenne, les paléontologues vont "pouvoir faire des comparaisons et comprendre comment ce groupe-là s'organisait à cette époque-là", souligne Peggy Vincent. Ce spécimen angevin pourrait être celui "d'une nouvelle espèce", ou si l'animal est déjà connu, cela voudrait dire qu'il a migré, explicite-t-elle.
"J'ai trouvé quelque chose de bizarre dans ma cave". La découverte des ossements fossilisés de ce grand reptile marin remonte à 2013. "Une dame nous contacte au Muséum et nous dit: 'Voilà, j'ai trouvé quelque chose de bizarre dans ma cave.' En allant sur place, on constate la présence d'un os massif", tombé du plafond de la cavité, dans une ancienne champignonnière, sur la commune de Tuffalun, retrace Benoît Mellier, chargé des collections du Muséum d'Angers. Ce fémur "surprenant par sa taille", 51 centimètres de long, "nous met rapidement la puce à l'oreille. (...) On se rend compte qu'on est devant un animal qu'on ne connaissait pas", a raconté Benoît Mellier. Les paléontologues ont pu extraire tous les ossements qui étaient visibles au sommet de la voûte, encore emprisonnés dans du tuffeau, un "travail difficile et délicat", note-t-il.