Depuis que la vie est apparue sur notre planète, son objectif a toujours été le même : devenir meilleure, s’adapter et évoluer. Les espèces se créent, changent, et parfois disparaissent. La biodiversité que nous connaissons aujourd’hui est bien différente de celle qui peuplait la Terre il y a plusieurs millions d’années. Pourtant, certains "vestiges" de la biodiversité passée persistent dans le présent. Il s’agit des fossiles. Ils sont les marques laissées par les êtres vivants dans les sédiments, une empreinte, un souvenir de l’existence de ces plantes et animaux qui foulaient le sol avant notre arrivée. En tout cas, c’était ce que l’on croyait avant la découvertes d’espèces dites "panchroniques", qui ont entièrement chamboulé la définition du mot "fossile".
Les plantes et animaux panchroniques sont les descendants d’espèces que les scientifiques ont longtemps pensé disparues. L’exemple le plus connu est probablement celui du cœlacanthe, ce poisson sud-africain qui possède des nageoires articulées à la manière des tétrapodes. On le pensait éteint depuis la fin du Crétacé (il y a plus de 65 millions d’années), alors qu’un spécimen vivant à été découvert au milieu du 20e siècle ! Nous savons aujourd’hui que d’autres représentants de cette espèce peuplent encore les océans, bien qu’ils soient très peu nombreux.
Apparu bien avant les dinosaures
Pas besoin en revanche de partir à l’autre bout du monde pour découvrir des "fossiles vivants". Il suffit par exemple de se rendre au parc Bargoin à Clermont-Ferrand pour observer un magnifique Ginkgo biloba, le plus vieil arbre connu sur cette Terre, qui serait apparu au Japon il y a plus de 260 millions d’années, soit 40 millions d’années avant les dinosaures ! Cet arbre, qu’on oserait presque qualifier de "vielle branche" tient le nom "biloba" de la forme de ses feuilles, composées de deux lobes. Il a été introduit en France pour la première fois à la fin du 18e siècle par Auguste Broussonnet. Il a survécu à toutes les épreuves au cours du temps, même la bombe nucléaire.
Résistant à toute forme de toxicité ou de radiation
Le 6 août 1945, les Américains lâchent une bombe atomique au-dessus de la ville d’Hiroshima, au Japon. Parmi tous les arbres qui se trouvaient au point d’impact, seuls les six Ginkgo biloba sur le site ont survécu, et bourgeonnaient à nouveau dès l’année suivante. Malgré leurs origines primitives, les "Ginkgo" sont particulièrement résistants à toute forme de toxicité ou de radiation. Un bel exemple végétal de panchronicité et de résilience, symbole d’espoir sur le continent asiatique !
Il pourrait, pourquoi pas, devenir le nouvel étendard de la résistance dans les manifestations contre le changement climatique et la dégradation de la biodiversité, tellement son parcours du combattant nous évoque la résilience. En tout cas cet arbre qui transcende le temps va devoir affronter la sixième extinction de masse, que nous sommes en train de traverser. Et dans le pire des scénario, c’est-à-dire dans un monde où l’humanité aura disparu, on peut se représenter la planète du future qui sera à coup sûr peuplée de bactéries, de méduses, de champignons et pour parfaire le tableau de ce "warrior" Ginkgo biloba !