Les nuages, régulateurs thermiques de la planète, ont changé sous l'effet du dérèglement climatique, qu'en retour ils pourraient contribuer à empirer, selon une étude parue dans la revue Nature.
20 ans d'images satellite. Depuis les années 1980, la nébulosité s'est réduite dans les zones tempérées de moyenne latitude, avec une expansion des zones sèches subtropicales en direction des pôles, révèle l'analyse de quelque 20 ans d'images satellite. Et partout, les nuages se sont élevés en altitude. "Ces changements renforcent l'absorption par la Terre de la radiation solaire et réduisent le retour des radiations thermiques vers l'espace," explique-t-on à la Scripps Institution of Oceanography, de l'Université de Californie à San Diego, qui a pris part à l'étude. "Le tout exacerbe le réchauffement mondial, en augmentant les concentrations de gaz à effet de serre (GES)".
Un régulateur de température. Les nuages régulent la température terrestre en renvoyant vers l'espace une partie des radiations solaires avant que celles-ci puissent toucher le sol. La nuit, ils agissent comme une couverture permettant de limiter les pertes de chaleur. Leurs liens avec le changement climatique constituent "l'une des principales zones d'incertitude pour les scientifiques qui travaillent sur le climat et tentent d'anticiper son évolution future", rappellent les chercheurs. Les satellites, conçus à l'origine pour prévoir la météo, ne sont pas suffisamment stables pour suivre l'évolution des nuages sur des décennies. Mais l'équipe a pu corriger les données, en agissant sur l'orbite des satellites, la calibration des instruments ou la dégradation des capteurs.
Le rôle des gaz à effet de serre. Les résultats ont ainsi montré des changements nets dans la répartition des nuages, que les auteurs ont ensuite mis en parallèle à l'historique des concentrations de GES dans l'atmosphère. "Le comportement des nuages est alors apparu en cohérence avec l'augmentation, générée par l'homme, des concentrations de GES", poursuit l'institut de recherche dans son communiqué. Tandis qu'aucune corrélation n'apparaissait avec d'autres facteurs éventuels comme les niveaux d'ozone, les aérosols d'origine humaine, ou des changements naturels de radiation solaire.
Ça ne devrait pas s'arranger. Autre facteur d'influence en revanche, deux éruptions volcaniques importantes - l'éruption du Chichon au Mexique en 1982 et celle du Pinatubo aux Philippines en 1991 - ont agi sur les nuages et eu un impact refroidissant pendant quelques années, en envoyant dans l'air de la poussière réfléchissant la lumière du soleil. Mais "sauf nouvel événement volcanique de ce type, les scientifiques s'attendent à ce que les tendances affectant les nuages se poursuivent tandis que la planète se réchauffe sous l'effet des concentrations accrues de GES", préviennent les auteurs.