"C'est un jour fantastique pour l'astronomie, qui ouvre les vannes pour de nouvelles découvertes sur l'Univers et notre galaxie", s'est réjoui Josef Aschbacher, directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA) lors de la présentation des résultats de Gaia, l'une des missions scientifiques phare de l'agence lancée en 2013. Ce satellite, équipé de deux télescopes et d'un capteur d'une extrême précision, a livré lundi de nouvelles images de notre galaxie, la Voie lactée.
By far the largest group of Solar System objects in #GaiaDR3 are 154741 asteroids for which @ESAGaia has determined their orbits
— ESA Science (@esascience) June 13, 2022
Depending on their orbits one can distinguish different groups of #asteroids. https://t.co/BOC31hti19pic.twitter.com/uQ8yzlOueC
L'observatoire spatial, stationné à 1,5 million de kilomètres de la Terre à l'opposé du Soleil, en est à sa troisième moisson de données, destinée à cartographier notre galaxie sous toutes ses dimensions, et ainsi comprendre son origine, sa structure et sa dynamique.
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Une foule de détails inédits a été délivrée ce lundi, comme ces 220 millions de spectres photométriques, qui vont permettre d'estimer pour la première fois la masse, la couleur, la température et l'âge des étoiles. Ainsi que 2,5 millions de nouvelles compositions chimiques, cet "ADN" renseignant sur le lieu de naissance des étoiles, et leur voyage dans la galaxie.
Une galaxie "beaucoup plus turbulente que prévu"
Surprise pour les scientifiques : Gaia a repéré pour la première fois des "tremblements" stellaires, minuscules mouvements à la surface d'une étoile qui en modifient la forme.
Les résultats, qui ont donné lieu à une cinquantaine d'articles scientifiques dans la foulée, dressent le portrait d'une galaxie "beaucoup plus turbulente" que prévu, dit à l'AFP l'astronome de l'Observatoire de la Côte d'Azur. "On pensait qu'elle avait atteint un état stationnaire, tournant gentiment sur elle-même, comme un fluide qu'on touille doucement avec une cuiller en bois. Mais pas du tout !", développe François Mignard, responsable scientifique de la mission Gaia pour la France.
"Remonter le passé de la voie lactée"
Le niveau de précision de Gaia est tel qu'il "va nous permettre de remonter le passé de la Voie lactée sur plus de 10 milliards d'années", a ajouté Anthony Brown, président du consortium international DPAC, la chaîne de traitement au sol du flot de données envoyées par Gaia. Le nouveau catalogue offre également des mesures d'une précision inégalée pour 156.000 astéroïdes de notre système solaire, en décortiquant la composition de 60.000 d'entre eux.
Il aura fallu cinq ans pour livrer ce troisième catalogue d'observations étalées de 2014 à 2017. Et il faudra attendre 2030 pour en obtenir la version finale, quand Gaia aura fini de scruter l'espace, en 2025.