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Louise Sallé / Crédit photo : GUILLAUME SOUVANT / AFP
La démocratie a vu le jour pendant l'Antiquité, en Grèce. Et dans le monde animal aussi, la démocratie aurait toujours existé dans les forêts tropicales en Afrique centrale. Le gorille n'est pas un mâle dominant qui décide tout, tout seul. Les gorilles ont mis en place un système de vote, selon une étude.

Une étude étonnante est parue ce mercredi dans la revue scientifique Proceedings of the Royal Society, rédigée par des chercheurs de l'Université de Neuchâtel en Suisse et du Muséum national d'Histoire naturelle à Paris. Ces scientifiques ont observé les gorilles des plaines de l’Ouest, une espèce qui vit dans les forêts tropicales de République Centrafricaine. Et fait extraordinaire : ces gorilles "votent", entre eux, avant de se déplacer ! Contrairement à ce qui était jusqu’ici imaginé, ce n’est pas le mâle dominant qui décide seul. 

Un vote démocratique

Le processus est tout à fait démocratique. Les gorilles de l’Ouest vivent en famille : un mâle dominant appelé "gorille dos argenté", plusieurs femelles et leurs petits composent le groupe. Et, avant de partir chercher de la nourriture en forêt, tous s'expriment tour à tour en émettant des grognements. 

"Ces grognements font office de vote : chaque membre du groupe déclare s’il est prêt à partir pour chercher à manger. On bouleverse l’image du mâle dominant qui mène le groupe", explique Shelly Masi, primatologue au Muséum d’histoire naturelle et co-autrice de l’étude.

Jusqu’ici, les chercheurs pensaient que seul le mâle dominant, le "gorille dos argenté", prenait la décision de se déplacer. "Le gorille dos argenté à une puissance énorme, il fait deux fois la taille de la femelle… Donc, on pensait qu’il conduisait le groupe. Aujourd'hui, avec cette étude, on bouleverse un peu cette image : on montre que la prise de décision est en réalité collective", reprend Shelly Masi.

Si le consensus est ainsi recherché, c’est parce que tous les membres du groupe y trouvent un intérêt pour leur propre survie. "Les gorilles sont menacés par ce qu’on appelle l'infanticide, c'est-à-dire qu’un groupe de gorilles peut être attaqué par des mâles extérieurs au groupe qui vont essayer de tuer les enfants", détaille la primatologue.

Une espèce en voie de disparition

Pour se protéger mutuellement, il est donc nécessaire de s’assurer que tout le monde est bien d’accord pour se déplacer ensemble. En revanche, la direction du trajet est une décision souvent prise par le mâle dominant et les femelles les plus âgées du groupe.

Bien que son nombre soit supérieur à l’espèce des gorilles des montagnes rendue célèbre par la primatologue américaine Diane Fossey, le gorille des plaines de l’Ouest est une espèce menacée d’extinction. D’après les projections des scientifiques, sa population devrait baisser de 50% d'ici à une cinquantaine d’années.