Pour la première fois un ordinateur, l'AlphaGo, a écrasé le champion européen du jeu de go mercredi. Ce jeu inventé en Chine il y a 3.000 ans permet aux joueurs des combinaisons infinies, beaucoup plus qu'un jeu d'échecs. Cette victoire marque un exploit et des promesses concrètes de l’intelligence artificielle dans tous les domaines de la vie quotidienne. Pour Olivier Teytaud, spécialiste en intelligence artificielle qui était l'invité de Jean-Pierre Elkabbach, vendredi matin, c'est une vraie surprise. "On a été surpris de la victoire d’AlphaGo, on était loin d’imaginer ça. La recherche française avait donné beaucoup de résultats la dessus mais on se disait que cela pourrait arriver dans dix ou vingt ans, pas aujourd’hui", explique-t-il.
Un réseau de neurones. Le chercheur au LRI, le laboratoire de recherche en informatique, nous en dit plus sur le fonctionnement de cette machine, développée par Google DeepMind, "AlphaGo est un réseau de neurones, comme un cerveau, mais artificiel. Il apprend d’abord, par imitation, en regardant des joueurs humains très forts. Et ensuite, il y a une deuxième étape d’apprentissage où il joue tout seul contre lui-même. C’est surtout cette phase là dans laquelle Google a été très innovante. Le cerveau artificielle a joué des matchs contre lui-même", raconte-t-il.
Pas de sentiments. Et la prouesse, c'est qu'AlphaGo progresse sans cesse. "Pendant la partie, AlphaGo n’utilise pas que son réseau de neurones, il utilise aussi un grand nombre de simulations aléatoires. Donc si vous jouez deux parties contre AlphaGo et que vous jouez exactement pareil, la machine ne répondra pas de la même façon", explique Olivier Teytaud. Le grand atout de la machine est également qu'il n'exprime aucun sentiment, "lors de la partie, le joueur français de go s’est senti ému et décontenancé alors que la machine, elle, essaie juste de jouer et de s’améliorer pour la partie d’après. Elle apprend de ses erreurs et de ses succès mais elle n’a pas de sentiments".
Un panel d'utilisations très large. Même si, mercredi, la machine était uniquement concentrée sur le jeu de go, elle peut avoir un grand nombre d'utilisations. "Dans le diagnostic médical par exemple, le cerveau artificiel sert beaucoup, surtout quand il y a des images à interpréter. Il y a également toutes les utilisations dites industrielles. Par exemple pour les voitures sans pilote ou alors des camions qui se suivent avec dans le premier camion un conducteur humain puis les autres qui suivent automatiquement", affirme le spécialiste de l'intelligence artificielle. Les cerveaux artificielles pourraient également, à terme, distinguer des images violentes dans des vidéos, par exemple de l’Etat Islamique. Ou alors, ils peuvent détecter des mails d’arnaques.
Quel avenir pour l'intelligence artificielle ? Olivier Teytaud s'est toutefois voulu rassurant vendredi matin sur Europe 1 : "on est très loin de dépasser l’homme quand même ! L’avenir des réseaux de neurones artificiels est peut-être par exemple de pouvoir regarder un film et d'en faire un résumé… mais pour le moment on en est encore loin. C’est la limite de la machine". Pas de panique à avoir donc, la machine qui dépasse l'homme, ce n'est pas pour tout de suite.