Depuis longtemps, les scientifiques qui s'étaient attaqués à la question de la différence du cerveau entre l'homme et la femme s'étaient retrouvés dans une impasse. Certes, on savait qu'il existait certaines disparités comme la taille ou encore la constitution du cerveau, mais on ignorait si le cerveau masculin fonctionnait vraiment différemment de celui d'une femme. Des neurologues de l'université américaine de Stanford ont travaillé sur le sujet en usant de l'intelligence artificielle et la réponse est sans appel : sur le plan physiologique de l'activité du cerveau, le dimorphisme sexuel, à savoir l'ensemble des différences morphologiques plus ou moins marquées entre les individus mâles et femelles d'une même espèce est bien présent.
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90 % de réussite
Au cours de cette étude, publiée dans la revue des Comptes rendus de l’académie américaine des sciences (Pnas, Proceedings of the National Academy of Sciences), l'algorithme entraîné par les chercheurs a pu différencier presque sans faute si les IRM cérébrales qu'on lui présentait étaient ceux d'un homme ou d'une femme. Pour arriver à ce résultat, les scientifiques ont tout d'abord montré à l'intelligence artificielle près de 800 IRM de différentes régions du cerveau en lui indiquant à chaque fois si elle appartenait à une personne de sexe masculin ou féminin.
Vient ensuite la phase de test. 200 autres IRM ont été montrées à l'IA, qui dans 90% des cas a réussi à classer dans la bonne catégorie l'image. "C’est assez intéressant. Sans que les scientifiques n’aient spécifié un type d’activité au sein de régions cérébrales précises, l’algorithme semble avoir réussi à identifier une signature cérébrale du sexe biologique", a détaillé Christophe Rodo neuroscientifique, lors d'un entretien avec nos confrères du Figaro.
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Les émotions comme élément de différenciation
Mais comment l'IA a-t-elle réussi à différencier avec autant de réussite le sexe des sujets ? Les chercheurs ont notamment pu interroger l'algorithme sur son raisonnement interne et il en ressort qu'il s'est avant tout penché sur l'activité de trois types de réseaux neuronaux intimement liés au traitement des émotions, à savoir le striatum qui régule la motivation et les impulsions, mais aussi le système limbique qui joue un rôle majeur dans la mémoire et le contrôle des émotions.
Enfin, le réseau neuronal sur lequel s'est le plus appuyé l'IA est celui appelé le "mode par défaut" (MPD) par les scientifiques, qui désigne une partie du cerveau qui s'active lorsque ce dernier est au repos, mais actif, tout particulièrement lors des rêves.
Désormais, les chercheurs espèrent que cette étude pourra servir à des fins médicales et notamment à améliorer le traitement des maladies neurologiques, même si le spectre des sujets, tous âgés entre 20 et 35 ans, ne permet pas d'avoir une vision parfaitement représentative.