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Starter packs, Studio Ghibli... Pourquoi l'IA générative consomme-t-elle autant d’énergie ?

Alexandre Dalifard - Mis à jour le . 4 min
Depuis le lancement de la fonctionnalité de génération d’images sur ChatGPT, 700 millions de demandes ont été traitées par l'outil.
Depuis le lancement de la fonctionnalité de génération d’images sur ChatGPT, 700 millions de demandes ont été traitées par l'outil. AFP / © Nasir Kachroo / NurPhoto

Depuis le développement de l'IA, et particulièrement de ChatGPT, les images générées par l'intelligence artificielle ne cesse d'envahir les réseaux sociaux, à l'image des "starter packs" et des studios Ghibli. En revanche, une partie sombre se cache derrière cette IA générative : un gouffre énergétique.

Derrière son côté ludique, le "starter pack" cache une partie plus sombre. Depuis le développement de l’intelligence artificielle, et particulièrement de ChatGPT, les réseaux sociaux sont inondés d’images générées par l’IA. La tendance a pris encore plus d’ampleur lorsque la plateforme a permis aux utilisateurs de transformer des photos dans l’univers des studios Ghibli. Et elle a été particulièrement suivie après l’apparition des "starter packs", des figurines à l'effigie d’une personne réelle, accompagnées de ses objets fétiches ainsi que ses passions. 

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Concrètement, depuis le lancement de la fonctionnalité de génération d’images sur ChatGPT, 700 millions de demandes ont été traitées par l'outil en une semaine. De quoi faire réagir le PDG d’OpenAI, Sam Altman. Sur son compte X, le patron de l’entreprise propriétaire de ChatGPT a déclaré que leurs serveurs "fondaient", les poussant donc à "imposer des limites temporaires". Alors, avec la prolifération des "starter packs", les premières réactions ont commencé à émerger afin d’alerter sur les conséquences environnementales.

"Gouffre énergétique insensé"

Le 11 avril dernier, la secrétaire nationale d’EELV, Marine Tondelier, s’est prononcé sur le sujet avec fermeté. "Je ne ferai pas de starter pack. Ni de dessins copiant Ghibli sans l’autorisation de Miyazaki. Ces images générées par IA sont irrespectueuses pour des artistes déjà précaires", a-t-elle d’abord déploré sur son compte X. Mais elle a également dénoncé "un gouffre énergétique insensé", assurant préférer "qu’il reste de l’eau et de l’art à nos enfants".

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Et même les personnalités les plus influentes ont décidé d’alerter sur l’IA générative. À l’image de Thomas Pesquet, l’astronaute français qui a l’habitude de faire de la prévention sur l’environnement. Sur ses réseaux, il a prévenu qu’il y avait "une réalité qu’on oublie souvent de regarder : le coût environnemental de ces technologies". "Selon l’Agence internationale de l’énergie, dopée par l’IA, la demande mondiale en électricité pour les centres de données devrait plus que doubler d’ici à 2030", prévient-il. 

Presque la consommation d'électricité d'un pays comme le Japon

Alors, comment un tel outil peut-il être autant énergivore ? Pour mieux comprendre, il faut savoir que l’utilisation de l’IA consomme plus d’énergies que la simple navigation sur internet. Dans le détail, une demande effectuée sur ChatGPT équivaut à dix recherches sur Google, précise l’Agence internationale de l’énergie. À titre de comparaison, la génération d’une image à travers l’intelligence artificielle va consommer autant d’énergie que recharger un smartphone à la moitié de sa batterie.

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Et cela varie en fonction des demandes. Selon une étude co-dirigée par la chercheuse canadienne Saha Luccionni, spécialisée dans l’impact environnemental de l’intelligence artificielle, si on extrapole à une vidéo de seulement 10 secondes générée par IA, cela revient à recharger ce même portable pendant un an.

Mais alors, pourquoi cela demande-t-il autant d'électricité ? Concrètement, des centaines de milliards de paramètres sont utilisés par les modèles d'IA générative les plus avancés, comme ChatGPT-4 par exemple. Or, la consommation énergétique est corrélée à la longueur des requêtes ainsi qu'à son nombre. Et, face aux utilisateurs toujours plus nombreux et à l'usage quotidien de l'IA qui se banalise, les calculs informatiques demandent beaucoup plus de puissance, faisant ainsi surchauffer les besoins en énergie.

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Pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la consommation des data centers devrait donc atteindre environ 945 térawattheures (TWh) en 2030, "soit un peu plus que la consommation totale d’électricité du Japon aujourd’hui". 

Les émissions de gaz à effet de serre explosent

Mais avec sa demande excessive en électricité, produite essentiellement avec les énergies fossiles, l’IA générative fait aussi grimper les émissions de gaz à effet de serre (GES). Ces dernières, liées au dérangement climatique, devraient passer de 180 à 300 millions de tonnes de CO2 d'ici à 2030. Pour donner un exemple, l’université Carnegie Mellon de Pennsylvanie estime que la génération de 1.000 images avec l’IA générative revient à parcourir 6,6 kilomètres en voiture à essence.

Pire encore, "selon le MIT Technology Review 5, la seule phase de pré-entraînement de GPT-3 a généré l’équivalent de 626.000 kg de CO2, soit 71.9 tours de la terre en voiture ou la fabrication de 3.244 ordinateurs portables", a rapporté l’Institut supérieur de l’environnement

Vers une crise de l'eau ?

Et, malheureusement, la demande en ressources de l’IA générative ne s’arrête pas là. Comme a averti le PDG d’OpenAI, les serveurs de son entreprise "fondaient" après les millions de requêtes. Logiquement, il faut donc les refroidir constamment afin d’éviter l’explosion. 

A titre d'exemple, "entraîner Chat-GPT-3 a demandé 700.000 litres d'eau, aussi bien pour refroidir les serveurs que pour produire une partie de l'électricité renouvelable qui les alimentaient", précise un rapport du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Malheureusement donc, avec le nombre d’utilisateurs qui ne cesse d’augmenter, cette demande en eau va, elle aussi, exploser. 

Selon l’OCDE, l'intelligence artificielle pourrait consommer jusqu’à 6,6 milliards de mètres cubes d'eau en 2027. Des chiffres alarmants alors que le monde connaît certaines pénuries d’eau et des périodes de sécheresse importantes. Une question se pose alors : une tendance sur les réseaux sociaux mérite-t-elle autant de ressources énergétiques ?