Avant le confinement, il avait suscité une levée de boucliers de la part des chercheurs. Finalement, mercredi, le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche, LPPR, a été présenté en conseil des ministres. Il prévoit de réinjecter 25 milliards d'euros dans la recherche pour les dix prochaines années, afin de permettre à la France de garder son rang dans une compétition scientifique mondiale qui s'intensifie. Objectif : redonner du souffle à un système affaibli par un sous-investissement chronique. Mais pour beaucoup de chercheurs, ce ne sera pas suffisant pour permettre à la France de rattraper son retard par rapport à ses voisins.
"Il faut être soutenus sur le temps long"
L'Allemagne, notamment, investit toujours davantage. Et puis ces 25 milliards d'euros sont fléchés, pour une grande partie, vers des projets à court terme, ce que regrette Patrick Lemaire. "On vient, et on est très heureux dans mon équipe, de publier un article dans l'une des grandes revues scientifiques américaines", explique ce chercheur au CNRS, biologiste depuis 35 ans. "Ce travail, c'est dix ans pour un article. Il faut qu'on puisse être soutenus sur le temps long si l'on veut avoir des travaux qui ont un réel impact."
Beaucoup de chercheurs regrettent aussi que seulement 400 millions d'euros soient attribués pour l'année 2021, laissant la responsabilité aux gouvernements suivants d'investir dans ce domaine. Plusieurs experts saluent en revanche les efforts faits envers les jeunes chercheurs, car ce projet de loi prévoit l'attribution de davantage de bourses pour les étudiants en doctorat.