14 ans et 5 mois. C'est l'âge moyen auquel se fait une première visite sur un site pornographique selon l'institut Ifop. C'est trois mois plus jeune que lors de la précédente étude datant 2013. Europe 1 a étudié le phénomène ados et porno.
Plus jeunes, davantage de filles. Il faut retenir de cette enquête une caractéristique de genre : les filles sont plus nombreuses à regarder ces films qu'auparavant, même si ça reste une pratique très majoritairement masculine. Les ados utilisent quasiment exclusivement des sites de flux gratuits en accès libre comme Youporn, Pornhub ou Xhamster, qui est peut-être le dernier en date. Mais ce qui préoccupe encore davantage les associations de protection de l'enfance, ce sont les très jeunes enfants qui tombent sur des images porno par hasard.
"Perturbant". Le hasard, en l'espèce, peut-être une fenêtre publicitaire qui s'ouvre sur un ordinateur. Mais le fait de voir ces images peut aussi être imposé par un ami. C'est ce qu'ont vécu Camille et Victor, 13 ans tous les deux aujourd'hui, mais beaucoup plus jeunes quand ça leur est arrivé : "Un copain m'a invité chez lui quand j'avais 6 ans et il était sur une page pornographique, son frère lui avait montré", explique Victor. "C'était deux femmes", étaye-t-il, précisant que son ami "était à fond dessus". L'adolescent précise se souvenir d'images : "Je pense que je m'en souviendrai longtemps. C'était perturbant en fait", commente-t-il.
Camille aussi a vécu une situation qu'elle estime dérangeante : "C'était le grand frère d'une amie qui m'a dit 'J'ai quelque chose à te montrer. T'inquiète pas, ça va, c'est marrant.' Ça m'avait choqué. Pour moi, ce sont des images qui resteront tout le temps et j'aimerais bien les enlever parce que c'est très gênant."
L'alerte d'une professionnelle. Pour justement éviter ce genre de malaises, une ex-actrice de films X a voulu alerter les parents il y a quelques jours sur l'exposition massive à la pornographie. Elle s'appelle Nikita Bellucci et reçoit des messages à caractère sexuel, très crus, de tout jeunes garçons. Et elle même, produit de l'industrie pornographique, s'inquiète : "Quand on m'écrit sur internet, il y a des gamins de dix ans qui connaissent toutes les pratiques extrêmes du porno et ce n'est pas normal. Toute la journée, je reçois 'Envoie des nudes, envoie des nudes', ils veulent que je leur envoie des photos de moi toute nue. Combien de fois j'ai pu faire des captures d'écran de messages d'ados que je pouvais recevoir, en cherchant leur nom et en envoyant les captures aux parents !", s'étonne-t-elle. "Et il n'y a jamais de réponse."
Les conséquences sur les jeunes. Pour l'instant, les conséquences sur la sexualité des enfants et des ados ne sont pas réellement connues, mais on en constate, par exemple, une recrudescence des épilations intégrales ou semi-intégrales chez les ados filles. Des pratiques directement puisées dans le porno, selon les esthéticiennes.
Il ne serait par ailleurs pas sérieux de faire des généralités. Il faut juste retenir un conseil des psys interrogés : si ça arrive à votre fille ou à votre fils, l'essentiel est de lui expliquer que c'est un film et non pas la réalité, que certains adultes regardent ça. En revanche, ce n'est pas nécessairement la peine de courir avec votre enfant chez un psy. Car faire raconter ces images pourrait en soit déclencher le traumatisme. Un bon décryptage devrait suffire.
Les ados face au porno : les chiffres qui inquiètent :