Plusieurs milliers de manifestants ont quitté samedi la place de la République à Paris en direction de celle de la Nation, pour célébrer la journée internationale des travailleurs, quelques tensions émaillant rapidement le cortège. À l'appel de la CGT, FO, la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse Unef et UNL, le cortège s'est ébranlé derrière une banderole proclamant : "pour les droits sociaux, les libertés, contre l'état d'urgence, pour la paix et la solidarité internationale".
Des tensions sont rapidement apparues, avec des "tentatives répétées de constitution d'un black bloc en avant du cortège syndical" qui ont longuement bloqué les manifestants, selon une source policière. Le cortège avançait de façon sporadique. Les fauteurs de trouble étaient estimés à "quelques centaines", tandis que 5.000 policiers et gendarmes étaient mobilisés dans la capitale, de source policière. La préfecture de police a fait état de 34 interpellations. Quatorze personnes ont été placées en garde à vue, selon le parquet.
Manifester "contre la dictature sanitaire"
"C'est la fête des travailleurs, les droits du monde du travail doivent être défendus et regagnés car ils ont été entamés par des politiques sous Hollande et Macron, des politiques néolibérales", a témoigné Julien, 47 ans, qui vient manifester tous les ans. Les "Rosies", revêtues de leur bleu de travail à l'image de Rosie la riveteuse, ont entonné leurs chansons accompagnées de chorégraphies, selon le rituel qui les avaient rendues célèbres pendant les manifestations contre la réforme des retraites fin 2019. Carole, venue avec deux amies et leurs trois enfants adolescents, explique, masque rabaissé sous le menton, manifester "contre la dictature sanitaire". "C'est particulier cette année. On est là contre les lois liberticides, la dictature, le couvre-feu", assure-t-elle.
Les principaux leaders syndicalistes côte à côte
En tête de cortège, et de manière éparpillée dans la manifestation, des militants portent des panneaux en hommage à la Commune de Paris, dont est célébré le 150e anniversaire. Juste derrière, les numéros un des organisations, dont FO et la CGT qui n'avaient pas défilé le 1er mai ensemble depuis 2016, manifestent côte à côte. Il s'agit, a assuré Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, d'éviter que le mois de mai et les mois qui suivent soient "à l'identique" des derniers mois, "c'est-à-dire : des restructurations, beaucoup d'argent pour ceux qui en ont déjà beaucoup et encore moins pour ceux qui n'en ont pas, à l'exemple de la réforme de l'assurance chômage".
Pour Solidaires, Simon Dutheil a espéré que ce 1er-Mai "puisse aussi porter fortement dans l'espace public et auprès des travailleurs et travailleuses qu'il y a des alternatives à ce qui se passe aujourd'hui", tandis que Yves Veyrier de FO a jugé "important qu'on donne ce signal que les syndicats sont là et qu'ils seront là demain". "C'est un 1er-Mai qui, dans l'idéal, devrait marquer le retour de la question sociale", a relevé Benoît Teste pour la FSU, se disant "effaré du débat public qui tourne autour des instrumentalisations de la laïcité, des questions de sécurité".