Défense de l'emploi et des libertés : les syndicats ont retrouvé la rue pour ce 1er-Mai, malgré le Covid-19, organisant des manifestations partout en France dont certaines émaillées d'incidents comme à Paris. Les cortèges ont rassemblé samedi plus de 170.000 manifestants, selon la CGT, dont 25.000 à Paris. Le ministère de l'Intérieur a, lui, fait état de 106.650 manifestants en France, dont 17.000 dans la capitale. Au total, 56 personnes ont été interpellées, dont 46 à Paris, a ajouté le ministère, et six policiers ont été blessés dont trois dans la capitale.
Peu avant le départ du défilé parisien, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a rappelé qu'il y avait eu "beaucoup de frustration" l'an dernier avec un 1er-Mai confiné. Il a espéré que la mobilisation soit suivie d'autres en mai et juin. "Il y avait un besoin de s'exprimer dans la rue et c'est un bon 1er-Mai", a-t-il estimé devant les caméras. La CGT, qui avait comptabilisé près de 300 manifestations dans l'Hexagone, avait appelé, avec FO, la FSU et Solidaires à faire de ce 1er-Mai une journée "pour l'emploi, les salaires, les services publics, la protection sociale, les libertés et la paix dans le monde".
En 2019, le ministère de l'Intérieur avait comptabilisé 164.000 manifestants en France et la CGT 310.000.
"On a beaucoup de raisons de venir manifester"
Emploi, salaires, gestion de la crise Covid par le gouvernement, restrictions des libertés...: dans les cortèges, les revendications étaient variées, la contestation de la réforme de l'assurance-chômage, qui doit entrer en vigueur le 1er juillet, revenant de façon récurrente. Des "gilets jaunes" ont pris part à plusieurs défilés, dont la manifestation parisienne.
À Lille, la CGT a dénombré 2.000 manifestants, et la préfecture 1.600.
À Lyon, où 3.000 personnes ont manifesté sous la pluie, selon la préfecture, un bref affrontement a éclaté entre un petit groupe de "black blocs" et des policiers. La préfecture a fait état de cinq interpellations et la manifestation s'est achevée dans le calme. "On a beaucoup de raisons de venir manifester : le contexte sanitaire, social, l'appauvrissement global de la société", a affirmé Ivan Gineste, 50 ans, CPE dans un lycée lyonnais.
À Marseille, ils étaient environ 3.500 manifestants, selon la préfecture, tandis qu'à Rennes, ils étaient 1.700, selon la préfecture.
À Nantes, la manifestation a réuni 3.750 personnes, selon la préfecture, qui a fait état de "quelques heurts" momentanés liés à la présence d'"une centaine de personnes de l'ultra gauche". Il y a eu une interpellation et des blessés légers parmi les CRS.
Un rassemblement près de l'usine de la Fonderie de Bretagne
Des manifestants (environ 2.000 selon la CGT) se sont également rassemblés non loin de Caudan (Morbihan) où est implantée l'usine de la Fonderie de Bretagne, en grève contre la cession du site par Renault. Plus d'un millier de personnes ont aussi défilé à Toulouse, tandis qu'ils étaient entre 1.600 (police) et 4.500 (syndicats) à Bordeaux et entre 1.300 (police) et 2.000 (CGT) à Saint-Etienne. À Strasbourg, ils étaient entre 1.300 (police) et 5.000 (syndicats).
Dans le cortège, Clarisse Daull, retraitée de l'édition, a rapporté avoir eu envie "de venir deux fois", ayant "beaucoup souffert de ne pas défiler l'an dernier". "Depuis un an, il n'y a qu'un seul sujet, c'est le Covid" alors que "les travailleurs continuent à souffrir", a-t-elle déploré.
Tensions à Paris
A Paris, la manifestation s'est élancée peu après 14 heures de la place de la République vers celle de la Nation, les numéros un de la CGT et de FO défilant ensemble pour la première fois depuis 2016. Des tensions sont rapidement apparues, avec des "tentatives répétées de constitution d'un black bloc en avant du cortège syndical" qui ont longuement bloqué les manifestants, selon une source policière. Les fauteurs de trouble étaient estimés à "quelques centaines", tandis que 5.000 policiers et gendarmes étaient mobilisés, de source policière. Quatorze personnes ont été placées en garde à vue, selon le parquet.
Le carré de tête s'est retrouvé à plusieurs reprises noyé sous les gaz lacrymogènes. A l'arrivée à Nation vers 18 heures, des "gilets jaunes" s'en sont pris à des militants de la CGT, qui a déploré "plusieurs blessés". La ministre du Travail Elisabeth Borne a condamné "très fermement" les perturbations ayant émaillé certains défilés. "Je trouve scandaleux que ces casseurs, les blacks blocs, aient voulu voler ce moment aux organisations syndicales", a-t-elle déclaré sur Europe 1.
À un an de la présidentielle, plusieurs responsables politiques de gauche ont pris part aux cortèges, tels à Lille Jean-Luc Mélenchon (LFI), qui a souhaité revenir en 2022 "comme président de la République", et Fabien Roussel (PCF). À l'heure des 150 ans de la Commune de Paris, FO avait lancé la journée à Paris avec un hommage devant le mur des Fédérés. Mettant en avant le risque sanitaire, la CFDT avait opté pour un rassemblement virtuel sur Facebook avec des militants.