C'est une hécatombe. Jeudi soir, l'Observatoire PELAGIS du CNRS recensait 600 dauphins échoués sur les côtes françaises de l'Atlantique depuis le début de l'année 2019, soit 200 de plus que le chiffre communiqué par l'association "France Nature Environnement" un peu plus tôt dans la journée.
"On voit des traces de filets, des traces d'amputation." "Nous avons fait de véritables investigations" et "nous nous appuyons aussi sur le réseau national d'échouage" pour déterminer la cause de ces échouages de masse, explique Dominique Chevillon, président de "Ré Nature Environnement", au micro de Wendy Bouchard sur Europe 1.
Et le responsable n'est autre que la pêche : "Lorsque les animaux échouent, on constate des traces. On voit des traces de filets, des traces d'amputation. On voit des nageoires dorsales qui sont coupées, pour les sortir des filets. On voit des trous de gaffes (une sorte de perche munie d'un croc ndlr) également, parce que les animaux sont attrapés. Nous avons aussi des témoignages de pêcheurs qui nous racontent comment ça se passe."
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Dominique Chevillon pointe particulièrement une forme de pêche, celle des "chalutiers pélagiques qui pêchent 'en bœufs'". "Vous avez deux chalutiers qui traînent un grand chalut derrière. Nous avons une forte certitude que cette pêcherie-là est à l'origine de nos soucis", précise-t-il.
"La majorité des dauphins décèdent asphyxiés dans le filet." Les cétacés sont capturés par des "filets maillant calés qui sont posés sur des kilomètres et des kilomètres" : "La majorité des dauphins décèdent asphyxiés dans le filet." Pris au piège, ils ne peuvent pas remonter à la surface de l'océan pour respirer. "Un trait de chalut, ça peut durer plusieurs heures. Le dauphin ne peut pas faire des apnées d'heures entières."
"On peut parler de souffrance animale", déplore cet observateur, d'autant plus que ce sont des animaux "très sensibles". Aujourd'hui, ces captures sont qualifiées d'accidentelles mais "on ne peut plus parler d'accident parce que maintenant c'est structurel".
Les professionnels de la pêche mobilisés. Si elle reconnaît que la responsabilité des pêcheurs n’est plus à prouver, Perrine Ducloy, chargée de mission au Comité national des pêches maritimes, tient tout de même à "rappeler l’engagement de longue date des professionnels de la pêche pour la protection du milieu marin" qui est "leur outil de travail".
"Les professionnels sont conscients du problème. C’est pour cela qu’ils se sont engagés, dès les années 2000, lorsqu’il y a eu ces premiers pics d’échouages, à essayer de trouver des solutions et comprendre ces interactions." Elle évoque notamment "un projet scientifique qui a été mené l’hiver dernier" : "On a testé ce que l’on appelle des répulsifs acoustiques."