Lutte contre la radicalisation en milieu scolaire, mode d'emploi. Après les attentats de janvier, la ministre de l’Éducation nationale avait annoncé la préparation d'un "livret laïcité" pour aider le corps enseignant à lutter contre les phénomènes de radicalisation. Ce livret qui sera remis à chaque recteur d'Académie a été dévoilé lundi à la Sorbonne.
Que contient-il précisément ? Europe1 vous dévoile le contenu de ce document qui vient compléter la campagne "Stop Djihadisme" visant à enrailler les départs en Syrie.
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Un document de 4 pages. Le livret sobrement intitulé "Prévenir la radicalisation des jeunes" et destiné "aux chefs d'établissement et aux équipes éducatives" est concis : sur quatre pages au ton pédagogique, le document appelle à la vigilance des personnels de l'Education nationale et propose une conduite à tenir si des signes de radicalisation sont repérés chez un jeune. Les conseils dispensés relèvent surtout du bon sens.
"Le rôle de repérage de l'équipe éducative ". Le livret s'ouvre sur une définition de la radicalisation qui peut, dans les cas les plus extrêmes, "entrainer une attitude susceptible de conduire jusqu’à l’extrémisme et au terrorisme", est-il écrit. Le livret insiste sur le rôle des personnels de l'Education nationale dans le repérage de ce phénomène de radicalisation : "plus tôt le risque d’exposition à un endoctrinement sera repéré, plus tôt l’équipe éducative pourra donner l’alerte et éviter ainsi la rupture radicale (avec l’École, la famille, la société) et l’exposition à des opérations de recrutement et/ou de passage à des actes violents", peut-on ainsi lire.
Les signaux d'alerte listés. "Quels sont les signaux d'alerte ?", justement. C'est l'objet du second volet du livret qui relève ainsi, sans précision, que "des nouveaux comportements vestimentaires ou alimentaires", "un intérêt pour telle religion ou telle idéologie" ou "des discours relatifs à 'la fin du monde'" peuvent constituer des signaux d'alerte.
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D'autres signaux comme "la rupture relationnelle" avec l'école ou la famille ne semblent pas vraiment caractéristiques. En qualifiant ces signes de "plus ou moins visibles" et susceptibles de toucher aussi bien des jeunes "en situation d'isolement" que "des jeunes qui semblent parfaitement insérés", le livret apparait comme un aveu d'impuissance.
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"Que faire ?" En quatre panneaux illustrés, le livret dispense la conduite à tenir face aux signaux de radicalisation à savoir : "ne pas rester seul et partager des informations", avertir "le procureur de la République" en cas de situation préoccupante et "avertir le recteur ou l'inspecteur d'académie". Un ultime conseil est adressé, cette fois, aux familles d’élèves mineurs éventuellement concernées : "en cas de crainte de départ à l’étranger, notamment sous l’influence de mouvements radicaux", le titulaire de l’autorité parentale "peut, conformément à l’article 371-3 du Code civil, faire opposition, sans délai, à la sortie de France de l’enfant".
Quels outils ? A toutes fins utiles, le livret rappelle le numéro du Centre national d’assistance et de prévention de la radicalisation (0 800 005 696) chargé d’écouter les familles et de les orienter vers les services compétents et le formulaire web (www.stop-djihadisme.gouv.fr/formulaire) qui permet de signaler en ligne "les situations inquiétantes".
En plus de ce livret anti radicalisation, les inspecteurs de l’Éducation nationale vont être formés spécifiquement à repérer ce repli sur soi. La première session de formation aura lieu tout début mars.