Les bacheliers sont-ils notés à leur juste valeur ? La question a été posée mercredi après les révélations sur l'académie d'Orléans, qui a demandé aux enseignants de noter plus généreusement l'épreuve oral de français. Les 2.500 élèves des six départements de l'académie ne seront pas notés sur 20 mais sur 24. "Un document officiel interne demande en effet aux professeurs de faire preuve d'une extrême bienveillance envers les élèves", souligne une professeure de l'académie contactée par Europe1.fr. Un moyen de gonfler les notes de l’académie, légèrement en-dessous de la moyenne nationale ces dernières années : en 2012, le taux de réussite de l'examen y était de 83,3 %.
S'estimant stigmatisés, de nombreux professeurs de l'académie ne comptent pas changer leur barème de notation. Mais comment sont évalués les lycéens lors des épreuves orales du bac de français ? Alexandra Hodji et Dominique Bréchemier ont accepté de répondre aux questions d'Europe1.fr.
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Des enseignants encadrés. Si ce nouveau barème de notation est imposé par le rectorat, dans les faits, l'attribution d'une note est rarement le fait d'un seul correcteur isolé. Les profs chargés de corriger les épreuves du bac ne sont en effet pas isolés au moment de distribuer les notes. "Avant de faire passer les épreuves, les professeurs se réunissent pour s'assurer que les résultats seront homogènes. Pendant ces réunions, les professeurs sont également tenus au courant de la moyenne dans leur matière dans leur académie", commente Alexandre Hodji, professeur de français contractuelle.
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"Une procédure très stricte". Arrive ensuite le moment de l'épreuve oral "qui s'appuie sur une procédure très stricte", assure Dominique Bréchemier, professeur à l'académie de Tours-Orléans. L'élève se présente devant l'examinateur trente minutes avant le début de l'épreuve. Là, l'enseignant lui soumet un texte que le lycéen est censé avoir travaillé pendant l'année. "Toutes filières confondues, les élèves étudient environ 25 textes en une année", détaille Alexandra Hodji. L'oral est donc très différent de l'écrit puisque chaque élève a un texte différent.
"Pas de barème précis". La première partie de l'examen oral - notée sur 10 points - consiste donc à répondre pendant dix minutes à la problématique soumise par le professeur. La question posée est différente de celle vue en cours, ce qui incite l'élève à adapter et développer sa réponse. Durant cette première partie, l'élève n'a pas forcément d'interaction avec l'examinateur, qui est en effet censé le laisser mener sa réflexion seul.
"Pour la notation de cette partie, il n'y a pas de barème précis comme on peut en voir en mathématique", détaille Alexandra Hodji. Une grille détaillée permet toutefois de guider l'épreuve de l'élève, évalué sur : "sa lecture orale d'une partie du texte, sa compréhension littérale du texte, sa réflexion et l'analyse du texte, sa construction de sa réflexion, sa capacité à citer des extraits du texte dans sa réflexion et enfin son expression et sa communication orale", résume Dominique Bréchemier.
"Nous attendons un raisonnement personnel". La deuxième partie de l'épreuve est davantage axée sur le dialogue. Elle est également notée sur 10 points et dure aussi 10 minutes. Durant cette partie, l'enseignant interroge l'élève sur le même objet d'étude que le texte analysé précédemment. L'idée n'est pas de revenir sur le texte mais de tester les connaissances de l'élève sur l'objet d'étude en question.
"Nous n'attendons pas que l'élève cite un auteur incontournable, mais qu'il fasse appel à ses connaissances et à un raisonnement plus personnel", estime Alexandra Hodji. L'élève aura donc une note correcte s'il évoque au maximum ses lectures personnelles, ses sorties au théâtre, les expositions qu'il a pu aller voir, etc. "Dans cette partie, nous évaluons la réflexion et l'analyse de l'élève, son savoir littéraire et culturel et la qualité de sa communication orale", détaille Dominique Bréchemier.
"Pas question de décrédibiliser le système de notation". Si ces critères de notation paraissent plutôt détaillés, Alexandra Hodji reconnaît qu'il y a une part d'injustice. "C'est un peu la roulette russe, quand on débute, c'est compliqué d'être sûr de donner la note juste à un élève". Pour éviter de trop grands écarts, les professeurs se réunissent une nouvelle fois à la fin des épreuves.
"Si les notes doivent être augmentées, ou au contraire revues à la baisse, cela se fait uniquement lors d'une réunion d'harmonisation", commente Dominique Bréchemier, en référence à la demande de l'académie d'Orléans-Tours. Mais l'enseignante, en désaccord avec la directive du rectorat, assure qu'elle notera bien ses élèves sur 20 et non pas sur 24. "Pas question de décrédibiliser le système de notation des professeurs", prévient-elle.