Le tribunal n'a pas retenu la diffamation raciale, mais Eric Zemmour a tout de même été condamné, vendredi, à une amende avec sursis de 2.000 euros pour provocation à la haine ou à la discrimination raciale. Une condamnation qui fait suite à ses propos sur les "noirs et les arabes". Eric Zemmour devra également verser 1.000 euros de dommages et intérêts à chacune des parties civiles.
"Une condamnation de principe"
"Nous sommes totalement satisfaits car il s'agit d'une condamnation de principe, c'est ce que nous demandions", a dit Patrick Klugman, avocat de SOS Racisme, l'association à l'origine des poursuites. "Ce qu'il a eu, c'est un rappel à la loi. Il ne pourra plus continuer à tenir des propos visant à cibler certaines populations", a-t-il ajouté.
Il a précisé qu'Eric Zemmour "a été condamné une fois pour incitation à la haine pour avoir dit que 'la plupart des trafiquants sont noirs et arabes' et pour incitation à la discrimination pour avoir dit que les chefs d'entreprise avaient le droit de discriminer à l'embauche, c'est une condamnation de 1.000 euros pour chaque propos".
Le parquet avait requis une condamnation de principe, laissant au tribunal correctionnel de Paris le soin d'apprécier la peine. Le maximum prévu par la loi pour ce délit est de un an de prison et 45.000 euros d'amende mais les parties civiles n'avaient réclamé que des sommes symboliques.
"Un polémiste, un trublion"
Eric Zemmour était poursuivi pour avoir affirmé le 6 mars 2010 sur l'antenne de Canal+ que les Français issus de l'immigration étaient plus contrôlés que les autres "parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes". Sur France Ô, il avait déjà assuré que les employeurs "ont le droit" de refuser des postulants arabes ou noirs.
La procureure, Anne Defontette, avait réclamé la relaxe pour l'incrimination d'incitation à la haine et à la violence réclamée par une association antiraciste. Les propos reprochés au journaliste sont d'autant plus graves qu'il s'agit "d'un polémiste reconnu, un trublion parfois et l'un des intellectuels les plus en vue", avait-elle dit l'audience.
Le journaliste a affirmé de son côté vouloir battre en brèche le "politiquement correct" et dénoncé une atteinte à la liberté d'expression. Il a reçu le soutien de l'ex-ministre de l'Intérieur de gauche Jean-Pierre Chevènement, de l'ancien président du Front national Jean-Marie Le Pen et d'une trentaine de députés UMP. D'autres mouvements antiracistes, comme le Mrap, la Licra et l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), s'étaient portés partie civile devant le 17e chambre correctionnelle.