Et si l'assistance sexuelle était bientôt autorisée en France ? C'est du moins l'idée relancée jeudi par le département de l'Essonne qui propose la mise en place d'un statut "d'assistant sexuel" pour les personnes handicapées.
"Cet accès à la sexualité est un impensé". Le Conseil général de l'Essonne a en effet annoncé qu'il allait engager une réflexion "sur la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap" dont une des pistes serait la création d'un statut "d'assistant sexuel". "On s'occupe de l'accès aux transports, du droit au logement mais cet accès à la sexualité est un impensé total", a déclaré Jérôme Guedj, le président socialiste du département. Le lancement de cette réflexion doit être entériné lundi. Ce schéma prévoit aussi d'étendre la formation et l'information sur la vie affective et sexuelle des personnes handicapées.
Une forme de prostitution pour les féministes. Si le service voyait le jour, il s'agirait d'une première en France. Autorisée aux Etats-Unis, en Allemagne, aux Pays-Bas ou au Danemark, l'assistance sexuelle pour les handicapés a recueilli un avis défavorable du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), le 12 mars dernier. Les associations féministes redoutent, elles, en effet une nouvelle forme de prostitution.
"J'ai vu la souffrance, la solitude". Un avis que ne partage pas, Jill, une escort girl spécialisée dans l'accompagnement sexuel pour handicapés. Selon elle, les personnes handicapées ont le droit à une vie sexuelle au même titre que les personnes valides. Au micro d'Europe 1, elle explique ce qui l'a poussée à devenir assistante sexuelle. "Ce monsieur qui n'avait pas accès à son corps, j'ai vu ce que je pouvais lui apporter, j'ai vu la souffrance, la solitude dans laquelle il était. Je me suis dit : 'il faut que j'aille vers ces personnes'", commente-t-elle.
"C'est beaucoup plus sensuel" :
"Ils reprenaient confiance". Jill confie également que les rapports avec les personnes handicapées sont beaucoup plus tendres. "C'est beaucoup plus sensuel, beaucoup plus tactile, on prend beaucoup plus son temps. J'ai vu certains messieurs, au bout de plusieurs rendez-vous, s'ouvrir, s'épanouir. Ils me disaient vraiment que ça leur faisait du bien, ils reprenaient confiance en eux, je les voyais changer", explique-t-elle.
"Certaines appréhensions". Si elle confie avoir eu certaines appréhensions, elle ne regrette pas pour autant de proposer ses services aux personnes handicapées. "Je n'ai jamais eu aucun dégoût, j'ai plus eu certaines appréhensions. Par exemple la première fois que j'ai rencontré un monsieur avec une trachéotomie, le fait de voir un tuyau respiratoire, c'est un peu impressionnant. Mais bon, c'est vrai qu'on apporte tellement de choses", conclut-elle.