L'INFO. Jean-Marc Roberts, patron des éditions Stock, est mort lundi à l'âge de 58 ans, quelques jours à peine après avoir publié son propre livre, Deux vies valent mieux qu'une, dans lequel il révélait être atteint d'une tumeur au cerveau. La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, qui a publié plusieurs livres chez Stock a salué un homme doté d'une "intelligence vive, irrévérencieuse" et "débordante d'humour et d'amour". "Je voudrais dire mon éternelle gratitude pour celui qui m'a entourée de ses conseils avisés et de ses encouragements incessants, pour me donner la force et la confiance d'écrire, celui qui, depuis dix ans maintenant, était devenu mon ami", a ajouté la ministre dans un communiqué.
>> François Hollande a également adressé ses condoléances à la famille, dans un communiqué et un tweet de l'Elysée :
Le président adresse ses condoléances à la compagne, aux enfants, aux proches et aux collègues de Jean-Marc ROBERTSelysee.fr/communiques-de…— Élysée (@Elysee) 25 mars 2013
Écrivain d'abord, éditeur avant tout. Récompensé par le prix Renaudot en 1979 pour Affaires étrangères, la plume de Jean-Marc Roberts aura signé une vingtaine de livres, dont le premier à 17 ans (Samedi, dimanche et fête, Seuil). Mais c'est en tant qu'éditeur qu'il s'est épanoui, comme il le confiait récemment dans un entretien àLibération. Passé par les éditions du Seuil, Mercure de France, Fayard, et enfin Stock, il a forgé la réussite de Christine Angot, Philippe Claudel, Éric Fottorino, Vassilis Alexakis, Nina Bouraoui ou encore Erik Orsenna. "Jean-Marc Roberts éditait peu mais défendait ses 'bébés' comme rarement les éditeurs savent le faire", écrit Le Point lundi, dans un portrait qui lui est consacré.
Belle et Bête, son dernier "coup". Et le dernier "bébé" qu'il a défendu n'est pas des moindres. Jean-Marc Roberts était en effet l'éditeur de Belle et Bête, le dernier ouvrage de Marcela Iacub, dans lequel elle raconte en détails sa liaison avec Dominique Strauss-Kahn. Livre vivement critiqué par l'ex-patron du FMI, qui avait demandé l'interdiction de sa publication et qui a obtenu l'insertion d'un encart. Dans Libération, il y a une quinzaine de jours, Jean-Marc Roberts confiait lui-même qu'il "aimait bien énerver les autres". De là où il est, il se réjouira sans doute du probable succès à venir de l'ouvrage de Marcela Iacub, pour lequel il s'est battu bec et ongle, comme le raconte Le Point, qui conclut son portrait ainsi : "Il sait qu'il a gagné : 150.000 exemplaires de Belle et Bête ont déjà été imprimés. Les réassorts quotidiens se comptent par milliers, les demandes de traductions viennent de toutes parts, le tonnerre médiatique est retombé. Son dernier coup est un triomphe. Il a gagné, il peut donc mourir en paix !"
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Un défenseur des librairies... physiques. En août 2011, lors d'une interview sur Europe 1 il s'était vivement prononcé contre la vente de livres en ligne, susceptible de détourner le lecteur de la littérature. "Les petits libraires sont en danger de mort. Il faut se battre pour le lieu unique : la librairie", avait-il alors déclaré.
>> Pour réécouter son interview : c'est ici
"La librairie est le seul lieu où l'on vous accueille, où l'on vous conseille, où l'on trouve un choix de littérature sur les tables", avait-il encore défendu plus tard, comme le rapporte l'Express, précisant toutefois "qu'il ne fallait pas interrompre" non plus la vente sur Internet.