L’efficacité de la circoncision contre la transmission du VIH est confirmée. Bertran Auvert, un épidémiologiste de l'Inserm, et son équipe, ont – sous l'égide de Agence française de recherches sur le sida (ANRS) - rendu publique mercredi une étude allant en ce sens.
Ces travaux qui ont été présentés à Rome lors de la sixième conférence scientifique sur le sida au cours de laquelle nombre de chercheurs ont insisté sur le fait que la circoncision devait être "complémentaire d'un autre moyen de prévention", le préservatif notamment.
Des résultats confirmés "dans le monde réel"
Jusqu'à présent, l’effet protecteur de la circoncision n’avait été démontré que de manière expérimentale. Cette fois, les scientifiques ont voulu confirmer ces résultats "dans le monde réel". 110.000 hommes d’un bidonville d’Afrique du Sud ont donc été invités à subir gratuitement cette opération chirurgicale.
"Le premier résultat essentiel, c’est que lorsque l’on propose la circoncision médicalisée et gratuite à des adultes vivant en Afrique, ces adultes viennent en masse se faire circoncire", s'est félicité Bertrand Auvert, interrogé par Europe 1.
Une réduction de la contamination "de l’ordre de 75 %"
"Le deuxième résultat, c’est que le nombre de nouvelles infections chez les hommes qui ont accepté la circoncision est considérablement réduit, la réduction étant de l’ordre de 75 %", a ajouté l’épidémiologiste. Selon le chercheur, les femmes, qui ne sont pas protégées directement par la circoncision de leur partenaire, devraient bénéficier indirectement de la réduction du risque et c'est la première étude qui marche non seulement au niveau individuel.
Les scientifiques expliquent très simplement ce résultat encourageant : en retirant le prépuce, on supprime aussi un grand nombre de cellules qui favorisent l’infection par le VIH . "Il y a deux mécanismes : le premier est une modification de la peau qui fait que le virus pénètre moins bien, le second est que la circoncision réduit le nombre d'infections sexuellement transmissibles", a décrypté jeudi sur Europe 1 le professeur Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence Nationale de Recherche sur le Sida (ANRS).
Un progrès pour la prévention
"C'est la première fois qu'une étude montre qu'on peut programmer et jouer un rôle essentiel dans la prévention de la transmission hétérosexuelle. C'est aussi la première étude qui marche au niveau non pas seulement individuel, mais aussi au niveau de l'ensemble d'une population", s'est félicité le professeur Jean-François Delfraissy.
Et ce spécialiste d'ajouter : "cet acte est bien accepté, à la fois par les hommes et par les femmes, et il n'entraine pas de modification des comportements sexuels ni de sur-risque de contamination liée aux comportements sexuels".