Le Mediator testé comme coupe-faim dès 1971

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avec AFP et Fabienne Le Moal , modifié à
Le laboratoire Servier se défend et réfute toute dissimulation.

Des essais cliniques, retrouvés lors de perquisitions au siège de Servier, montrent que le Mediator a été testé sur des êtres humains comme coupe-faim dès les années 1970. Ces informations, révélées par le Journal du Dimanche, ont poussé le laboratoire Servier à réagir avec une ligne de défense : l'entreprise n'a jamais caché ces tests.

Testé comme coupe-faim dès 1971

"Le 780 SE (ou Mediator, ndlr) peut être considéré comme un anorexique des plus satisfaisants et mérite d'être retenu comme adjuvant des plus précieux dans le traitement de l'obésité", indique l'un des trois rapports médicaux réalisés entre 1968 et 1973 après des essais sur 64 personnes obèses. "L'introduction de ce produit nous paraît un progrès certain dans la thérapeutique de l'obésité", attestait un an et demi plus tard un autre rapport, après expérimentation sur 31 sujets.

Dès 1968, un premier document du même type évoquait "62,5% d'excellents résultats" dans des "cures d'amaigrissement" réalisées "grâce à cet anorexique". "Contrairement à ce que Servier a toujours affirmé jusqu'à présent, il a bel et bien fait tester son médicament par de nombreux spécialistes de l'obésité humaine au cours des années 1970", résumait le JDD.

"Les laboratoires Servier n'ont jamais caché" de tels essais

Le groupe a vigoureusement contesté cette version. "Contrairement à ce qui est écrit, les laboratoires Servier n'ont jamais caché avoir fait des essais cliniques pour tester l'effet anorexigène du Mediator", a-t-il affirmé. "Ces études ont été totalement démenties par un grand nombre d'autres études, qui n'ont pas permis de retenir l'indication d'anorexigène, ou coupe-faim, chez l'homme, au moment de la mise sur le marché du médicament", a précisé sur Europe 1 l'avocat du laboratoire, Me Hervé Témime.

Servier ajoute que ces "essais commentés par le JDD ont été mis à disposition des enquêteurs, comme beaucoup d'autres documents démontrant le contraire et sur lesquels ils ont demandé à être interrogés par les juges d'instruction". "Par définition, un médicament anorexigène doit inhiber la prise alimentaire pour entraîner une perte de 10% du poids corporel", or, fait valoir le laboratoire, si l'activité du Mediator chez l'humain a montré des effets métaboliques significatifs, ils étaient accompagnés "d'une perte de poids modeste", d'1,5 kg en moyenne.

Vraie nature du Mediator

Le Mediator, qui contient une molécule coupe-faim, le benfluorex, a été indiqué pendant trente ans, d'abord contre l'excès de graisses du sang, puis comme traitement adjuvant chez les diabétiques en surpoids, avant d'être retiré du marché fin 2009. Il a en fait été largement prescrit pour maigrir.

Utilisé par cinq millions de personnes en France, ce médicament est à l'origine de graves lésions des valves cardiaques et pourrait être responsable d'au moins 500 à 2.000 décès. Un premier procès pénal dans cette affaire se tiendra du 14 mai au 6 juillet devant le tribunal correctionnel de Nanterre. Les experts en pharmacologie vont devoir éplucher toutes les études sur le médicament pour pouvoir déterminer quelle est la vraie nature du Mediator, et donc dire si Servier a trompé les malades.