L’INFO. En 1995, le taux de réussite de trois bac généraux était inférieur à 80%. Un peu plus de quinze ans plus tard, la cuvée 2013 a battu tous les records et neuf élèves de terminale sur dix ont obtenu le fameux diplôme. Ce constat serait une bonne nouvelle si il ne cachait pas une réalité moins reluisante. Certains accusent les professeurs de noter trop gentiment et de passer outre les fautes qui criblent parfois les copies. Il faut dire qu’il est difficile de comprendre l’amélioration des scores en la matière quand la plupart des études montrent que notre système scolaire bat de l’aile. Mais alors, les élèves sont-ils moins bons ou leur en demande-t-on moins qu’avant ?
>> Europe1.fr a posé la question à Olivier Rollot, spécialiste des questions d’orientation et d’enseignement supérieur.
Depuis 15 ans, le taux de réussite ne cesse d’augmenter, comment l’expliquer ?
Il faut l’admettre, le bac est plus facile aujourd’hui. Au fil des années, on a sensiblement réduit le niveau d’exigence. On sait par exemple que le Bac S est moins difficile à obtenir qu’il y a quelques années. A tel point que certaines universités et grandes écoles se demandent s’il ne faudrait pas faire une année supplémentaire pour aider les étudiants à acquérir le niveau qu’elles s’attendent à avoir.
Actuellement, quand la note est trop basse, on va tout faire pour rajouter des points à tout le monde. On va même prendre en compte le fait que certaines régions ont des résultats moins bons pour remonter toutes les notes. Il y a tout un processus qui fait que la réussite devient plus facile.
Mais pourquoi les exigences sont moindres ?
Il y a une volonté de faire réussir les étudiants. Il y a des objectifs politiques qu’il faut respecter. Dans les années 80, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’Education, avait fixé l’objectif de mener au bac 80% de la population. Un objectif repris par ses successeurs. Il y a aussi des règles au niveau européen. On demande notamment aux Etats d’atteindre 50% d’une classe d’âge avec au moins un bac+3. Pour cela, il faut avoir un réservoir d’étudiants.
Cela veut-il dire que les élèves sont moins bon aujourd’hui ?
Si le niveau a baissé dans certaines disciplines, cela ne veut pas dire que le niveau intellectuel des étudiants est mauvais. Aujourd’hui, ils ont d’autres facultés intéressantes qu’on peut mettre en avant, comme la faculté à partager, à travailler en groupe, à parler des langues étrangères. Ce sont des choses qu’on a du mal à discerner sur les épreuves du bac, mais qui vont permettre de faire la différence dans l’enseignement supérieur.
Il va leur manquer certaines bases classiques, c’est pour ça qu’on peut dire que le niveau du bac a baissé, mais leur capacité se sont développées ailleurs. Le bac n’est peut-être tout simplement pas adapté à ce qu’on va leur demander après, c’est-à-dire de moins en moins bachoter et recracher des connaissances qui sont accessibles partout, mais plus d’être capable de trouver ces connaissances facilement, d’en faire une synthèse, de parler en anglais, de travailler en groupe, bref de se préparer autrement à la vie active.
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