Haro sur le bisphénol A. Un rapport de l'Agence sanitaire française, publié mardi, a confirmé la nocivité de cette substance, y compris à faible dose. Considéré comme un perturbateur endocrinien, c'est-à-dire comme un produit pouvant nuire aux fonctions de reproduction, le bisphénol A peut induire des malformations génitales mais aussi des problèmes de stérilité. A l'instar de l'amiante, le BPA est omniprésent dans les objets de la vie quotidienne. A quoi sert-il ? Où en trouve-t-on exactement ? Et surtout est-il possible de le remplacer ? Europe1.fr fait le point.
Un ingrédient clef de la fabrication du plastique. Le polycarbonate utilise près de 70% de la production totale de ce composé chimique découvert à la fin du 19ème siècle, selon le site d'informations européennes consacré au Bisphénol A.
Le bisphénol A rend le plastique incassable mais aussi résistant à des températures comprises entre 40 et 145 °C. D'où une utilisation pour les verres de lunettes, les équipements médicaux et autres biens de consommation courante.
C’est également un ingrédient des résines en époxydes qui permettent notamment d'éviter la corrosion. Ces résines résistent également à de nombreuses substances chimiques et présentent l'avantage de très bien adhérer à de nombreuses surfaces. On en retrouve donc dans les canettes et boîtes de conserve, les amalgames dentaires mais aussi dans l'industrie automobile et maritime.
Où en trouve-t-on ? C'est là où le bas blesse. Il y en a partout ou presque : bouteilles réutilisables, biberons, gobelets, ustensiles de cuisine jetables, récipients pour conserver les aliments... Mais aussi CD, DVD, vitrage de sécurité, lunettes de sécurité et écrans de protection, casques, lunettes de soleil, bombonnes d'eau réutilisables, bouilloires électriques, prises et interrupteurs électriques, boîtiers pour équipements électroniques type téléphones portables, appareils photos, sèche-cheveux, ordinateurs, téléviseurs, machines à café...
Pour ce qui est des résines en époxydes, elles sont utilisées dans la fabrication des coques de navires, les revêtements de citernes, les outils et équipement de jardinage, les pièces et revêtements automobiles, les meubles en acier, les revêtements de sols, les boîtes de conserves, les canettes, les tubes, les adhésifs, l'encre d'imprimerie...
Comment éviter le bisphénol A ? Si vous souhaitez faire la chasse au BPA cherchez le sigle de recyclage ! Les récipients ou objets en contenant possèdent un petit triangle avec un chiffre qui identifie un type de plastique. Ceux à éviter sont le PVC dont le signe est le 3 ou V ou PV et le polycarbonate, PC ou 7.
Les plastiques les plus sûrs du point de vue du BPA sont le PolyEthylène Téréphthalate ou PETE (1), le Polyéthylène de haute densité ou HDPE (2), le Polyéthylène de basse densité ou LDPE (4) et le Polypropylène ou PP (5).
Optez pour les conserves en verre plutôt que les boîtes de conserve en métal. Évitez de faire chauffer les aliments dans leurs emballages plastiques. N'emballez vos aliments dans les boîtes de conservation type tupperware que lorsqu'ils sont froids.
Le bisphénol A disparaîtra-t-il un jour ? L'Anses a lancé un appel à contribution des industriels et des distributeurs pour recueillir d'ici fin novembre toute donnée sur des produits de substitution et sur leur innocuité. Pour les produits où aucune substitution n'est possible, la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet a par ailleurs évoqué l'organisation d'une campagne d'information pour début 2012.
Le député PS Gérard Bapt en avait fait la demande cet été, et l'a réitérée mardi. Il est également à l'origine d'une proposition de loi demandant l'extension à tous les contenants alimentaires de l'interdiction du bisphénol A dans les biberons, votée en juin 2010. Cette proposition sera discutée mercredi en commission des affaires sociales et présentée le 6 octobre à l'Assemblée.
Quant aux industriels de l'agroalimentaire, qui se sont dits "surpris" du rapport de l'Anses, ils ont indiqué qu'ils allaient travailler sur des substituts au Bisphénol. Seul bémol, le délais. Selon eux, il faudrait "raisonnablement" compter trois ans pour trouver une alternative.