A la tête du Raid, l’unité d’élite de la police nationale depuis 2007, Amaury de Hauteclocque, a appris vendredi matin, par la voix du directeur général de la police nationale, Claude Baland, qu’il était démis de ses fonctions. Le fonctionnaire, âgé de 46 ans, est muté provisoirement à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices, autrement dit le "cimetière des éléphants" de la police. Il sera remplacé au Raid par Jean-Michel Fauvergue, l'actuel sous-directeur de la Police aux frontières.
Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a changé depuis son arrivée place Beauvau la plupart des hauts responsables policiers et des services de renseignement. Le général Didier Favier, qui avait commandé le Groupement d'intervention de la gendarmerie nationale, a été promu mercredi directeur général de la gendarmerie.
Critiqué pour l'assaut mené contre Merah. Cette mutation, constitue une vraie mise à l'écart pour cet homme de terrain dont la bonne réputation avait été entachée par sa gestion de l'assaut de l'appartement de Mohamed Merah le 21 mars. L'une des opérations les plus longues jamais menés par les policiers d'élite du Raid. Au terme de plus de trente heures d'intervention et d'une fusillade nourrie, Mohamed Merah, auteur présumé des tueries de Montauban et Toulouse, avait été tué.
Certains experts, notamment le patron du GIPN, n'avaient pas hésité à qualifier cette opération de véritable échec. Des familles de victimes du djihadiste français avaient quant à elles critiqué l'intervention du Raid, affirmant que ce service n'avait pas fait tout son possible pour prendre l'auteur des tueries de Toulouse et Montauban vivant. Un rapport remis en octobre à Manuel Valls avait par ailleurs mis en évidence des dysfonctionnements dans l'enquête qui avait abouti à la mort du terroriste tué par le Raid et proposé des réformes
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"Tout fait pour ne pas riposter". Forcé de s'expliquer sur la mort de Mohamed Merah, il avait alors assuré que ses équipes avaient tout fait pour ne pas riposter. "J'avais donné l'ordre de ne riposter qu'avec des grenades susceptibles de le choquer. Mais il a progressé dans l'appartement, et il a tenté d'abattre mes hommes", précisait-il sur Europe 1. Lors de l'assaut final, les policiers en progression ont essuyé une trentaine de coups de feu. Mohamed Merah, équipé d'un gilet pare-balles, avait finalement été atteint d'une balle dans la tête.
Assaut contre Merah : la version du Raid
"Je garde beaucoup d'amertume". Interrogé par Le Figaro, il avait reconnu sa frustration concernant cette opération du Raid. "Oui, bien sûr. Évidemment. C'était ma mission et je garde beaucoup d'amertume de n'avoir pu l'honorer. Mais je n'ai aucun regret parce que ce que j'ai fait, je devais le faire pour protéger la vie de mes hommes. Ces quatre blessés que nous avons eus l'ont été parce que nous avons tout fait pour l'avoir vivant. Il était impossible d'aller plus loin", commentait-il.