Depuis les attentats qui ont frappé Paris début janvier, le chef de l’Etat et le gouvernement cherchent à tout prix à renforcer l’union nationale et l’esprit civique. Lors de sa conférence de presse, jeudi matin à l’Elysée, François Hollande a ainsi proposé la création d’un contrat civique avec notamment l’extension du service militaire adapté (SMA). Déjà en vigueur en outre-mer, ce dispositif d’insertion devrait être expérimenté en métropole avec la création de trois centres. Est-ce vraiment une bonne idée ?
5.000 jeunes formés par an avec le SMA
Créé en 1961, le service militaire adapté (SMA) accueille actuellement 5.000 jeunes entre 18 et 25 ans chaque année au sein de huit formations différentes, selon le ministère de l'Outre-mer. L'objectif est d'atteindre 6.000 participants en 2016, le double de 2009. A l'issue de ces services volontaires, environ 75% des jeunes sont "insérés" dans la vie active, alors qu'au début de leur formation, au moins 30% sont en situation d'illettrisme et 60% n'ont pas leur brevet des collèges.
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Mardi dernier, la ministre de l’Outre-mer, George Pau-Langevin recevait les responsables du SMA pour en vanter les mérites. Deux jours avant l’annonce du Président, elle émettait toutefois quelques réserves à "transposer en l’état" ce dispositif en métropole. "Par ailleurs, nous ne voulons pas partager nos cadres et nos moyens, il faut garder cet outil pour les Outre-Mer", expliquait-elle à 1ère, le site outre-mer de France Télévisions.
Vendredi matin, les équipes de la ministre ont effectué un petit recadrage. "Il y a une certaine fierté de voir que l’Outre-mer soit un exemple", nous confie un proche de la ministre. "Les problématiques sont juste bien différentes en outre-mer et en métropole. Il existe par exemple des formations pour l’agriculture tropicale. Il est évident qu’on ne fera pas les mêmes choses en métropole", prévient ce conseiller.
Le leitmotiv du SMA : trouver un emploi aux jeunes
En Outre-mer, le SMA est une fierté et une réussite. "On a beaucoup de demandes qu’on n’arrive pas à satisfaire", regrette le commandant du Service Militaire Adapté, le général Philippe Loiacono. Si ce dispositif est censé transmettre aux jeunes en difficulté des valeurs républicaines, il est avant tout "destiné à leur trouver un emploi". En 2014, sur les 5.000 jeunes, la moitié de ceux qui ont réussi à décrocher un job ont pu compter sur un emploi durable de plus de six mois.
Si les contours de l’expérimentation en métropole sont encore floues, l’idée paraît séduisante pour les acteurs et actuels responsables du SMA. Reste un dernier point essentiel : le volontariat. "Les jeunes l’ont parfaitement intégré en Outre-mer", conclut le général Philippe Loiacono. "Mais si la personne n’est pas volontaire, on aura beau mettre toute la bonne volonté du monde, cela ne marchera jamais".