On croyait le problème réglé, mais le pétrole s'écoule encore. Les ingénieurs de BP ont repéré une fuite de pétrole souterraine aux abords du puits endommagé dans le golfe du Mexique qui pourrait être due au nouveau dôme de confinement mis en place la semaine dernière, ont fait savoir dimanche les autorités américaines.
Quelques heures plus tôt, la compagnie britannique avait souhaité que le dispositif, qui a permis d'obturer le puits jeudi, puisse rester en service jusqu'à l'achèvement en août des puits secondaires, seuls à même d'enrayer définitivement la marée noire.
"Pas prévu de rouvrir le puits"
Dans la soirée, les pouvoirs publics ont toutefois diffusé une lettre de l'ex-amiral de la garde-côtes Thad Allen, chargé des opérations de nettoyage, adressée au directeur général de BP Bob Dudley, dans laquelle il évoque une nouvelle fuite et "des anomalies de nature indéterminée à la tête du puits".
"Je vous invite à me fournir au plus vite une procédure écrite pour l'ouverture de la vanne (du dôme de confinement), si la fuite d'hydrocarbure décelée près du puits se confirme", écrit-il. Les tests effectués après la pose du nouveau dôme de confinement ont débuté jeudi pour une durée initiale de 48 heures et ont été reconduits samedi pour 24 heures supplémentaires.
"Au moment où je vous parle, il n'est pas prévu de rouvrir le puits", a déclaré dimanche Doug Suttles, directeur d'exploitation de BP lors d'une conférence de presse. "Nous espérons, si les indicateurs restent aussi encourageants, pouvoir poursuivre notre test de résistance jusqu'à ce que le puits soit fermé", a-t-il ajouté.
Pas d'incidence sur le test
Les autorités américaines chargées de la lutte contre la marée noire dans le golfe du Mexique ont estimé lundi que les trois anomalies détectées sur et autour du puits responsable de la catastrophe n'ont pour l'instant aucune incidence sur les opérations. "Nous ne pensons pas" que ces trois anomalies "aient d'incidence" sur les opérations de lutte contre la marée noire, a expliqué l'amiral Thad Allen.
L'enquête se poursuit
La compagnie n'envisageait à l'origine qu'une obturation temporaire, le temps de procéder aux essais, avant de rouvrir les vannes et de reprendre les opérations de pompage. Thad Allen, qui aura le dernier mot sur la poursuite des tests, a par la suite diffusé un communiqué dans lequel il assure que les plans originaux n'ont pas changé. La mise en service jeudi du nouveau dôme a permis pour la première fois d'obturer le puits qui fuyait depuis l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon, le 20 avril. L'accident a fait 11 morts.
Selon le Wall Street Journal, les enquêteurs chargés de faire la lumière sur la catastrophe cherchent à comprendre pourquoi l'équipage de la plate-forme n'a pas réagi aux signes avant-coureurs de l'explosion. Ils auraient ainsi répertorié une vingtaine d'anomalies dans le comportement de l'équipage face à ces signes.
L'enquête porte également sur les décisions du personnel de Transocean, la firme suisse propriétaire de la plate-forme, et sur ses désaccords avec BP, poursuit le quotidien sur son site internet. "BP et d'autres enquêtent sur cet événement tragique et ces investigations n'ont pas encore permis de tirer des conclusions sur la ou les causes", indique en outre Daren Beaudo, porte-parole de la compagnie britannique, cité par le Wall Street Journal.
4 milliards de dollars
Le géant pétrolier britannique a, également, annoncé lundi que la marée noire du golfe du Mexique lui avait coûté 3,95 milliards de dollars jusqu'ici (soit plus de trois milliards d'euros) en frais divers, y compris les dédommagements déjà versés. Cette somme inclut l'ensemble des dépenses effectuées par le groupe pour contenir et nettoyer le pétrole, le forage de puits de secours, les sommes versées aux Etats riverains et aux autorités fédérales, a détaillé BP dans un communiqué.
Le groupe a ajouté que ce bilan provisoire incluait plus de 67.500 demandes de dédommagement déjà remboursées, à hauteur de 207 millions de dollars. BP a rappelé qu'il avait accepté de créer un fonds de 20 milliards de dollars qui sera consacré à l'indemnisation des victimes de la marée noire. mais il a relevé qu'il était trop tôt pour chiffrer le montant final de la facture, qui risque d'être bien plus élevé.