La France grelotte, sa consommation d'électricité et de gaz s'enfièvre… et la promesse du gouvernement se fait toujours attendre. Cet automne, le ministre de l'Energie Eric Besson, avait promis pour cet hiver l'automatisation complète de la procédure d'attribution du tarif de première nécessité (TPN), communément appelé le tarif social de l'électricité. Ces tarifs avantageux sont réservés aux bénéficiaires de la Couverture maladie universelle (CMU), soit toute personne dont les revenus mensuels sont inférieurs à 634 euros par mois (pour une personne seule).
Et alors que seulement 650.000 foyers bénéficient de ce tarif, les experts évaluent à plus de 2 millions le nombre de personnes qui sont en droit d'en faire la demande. Mais aujourd'hui, alors que le froid s'abat sur le territoire, le projet de décret n'a toujours pas été appliqué et ceux qui peuvent y prétendre doivent toujours en faire la demande, ce qui constitue un véritable frein. D'après le Parisien, près d'un million de foyers en sont toujours privés.
"Nous sommes complètement révoltés"
A Nanterre par exemple, 9000 foyers sont concernés. 2000 seulement en bénéficient. Ces familles à faible revenu passent ainsi à côté d'une réduction de 90 euros par an en moyenne sur la facture. "Ces personnes ne demandent pas. Elles ne savent pas où demander. Elles ne disent pas quand elles ont froid chez elles. Ce sont des gens qui sont de plus en plus désocialisés", explique Alain Marcu, porte-parole de Agir contre le chômage au micro d'Europe 1.
Ce dernier ne cache pas sa déception. "Cette systématisation qui avait été prévue et qui n'a pas été mise en place, pour nous c'est une très très mauvaise chose. Ne serait-ce que pour la santé des gens. Nous sommes complètement révoltés", ajoute-t-il.
Les promesses du ministre Besson
Eric Besson, ministre de l'Industrie, a ainsi dû monter au créneau pour assurer que le tarif social est bien applicable depuis le 1er janvier 2012, même en l'absence de décret. Le fameux décret sera publié dans les prochaines semaines et il sera rétroactif, a-t-il assuré dans un communiqué. "Le gouvernement a accompli un effort sans précédent dans la lutte contre la précarité énergétique", et "l'automatisation de l'attribution des tarifs sociaux constitue un élément important" de cette lutte, a assuré le ministre.
Mais l''automatisation n'est pas si simple. Légalement, seul le groupe EDF a le droit d'appliquer le tarif social de l'électricité. Concrètement, cela signifie qu'un client de concurrents d'EDF comme Direct Energie ou de Poweo, qui se verrait attribuer le tarif social, devrait retourner chez EDF. Ces opérateurs alternatifs préviennent d'ores et déjà que si le décret est pris, ils déposeront un recours.
De son côté, contacté par le Parisien, le ministère de l'Energie l'assure : "le décret est en cours d'examen par le Conseil d'Etat, qui devrait pouvoir rendre son avis dans les prochaines semaines". Le décret sera publié dans les jours qui suivront.