INFO. C'est par elle que l'affaire dite du "barbe bleue" de l'Essonne a éclaté. Lundi, Julie Derouette, qui accuse Jamel Leulmi d'avoir tenter de l'assassiner pour empocher son assurance vie, a été "cuisinée" par les avocats de la défense devant la cour d'assises de l'Essonne.
LES FAITS - Le "Barbe bleue" de l'Essonne devant la justice
Vindicatifs et parfois agressifs, les conseils de l'accusé ont tenté de discréditer la parole de la jeune femme. Une autre conquête de l'accusé ayant souscrit des assurances décès au bénéfice de l'accusé a quant à elle été entendue par la cour lors d'un troublant témoignage.
Me Dupond-Moretti fait feu de tous bois. "Ca va être long et je vais poser beaucoup de questions". Me Eric Dupond-Moretti annonce la couleur en s'adressant directement à Julie Derouette avant même que les questions de la défense ne débutent. Le ténor du barreau, qui compte plus de 100 acquittements à son actif et a gagné le surnom d'"acquittator", s'est ensuite montré virulent et volontiers ironique dans ses questions et saillies.
Les accusations de Julie Derouette n'ont pas varié tout au long de cette audition qui avait débuté vendredi. Sur le détail de certains faits en revanche, les explications de la trentenaire n'ont pas toujours été aussi limpides.
"Vous êtes une marionnette entre ses mains". Sur la nuit de l'agression par exemple, Julie Derouette avait affirmé avoir quitté, en compagnie de Jamel Leulmi, l'hôtel de Marrakech où elle logeait autour de 23 heures. Problème : un "checkout" de l'établissement et un paiement par carte bancaire en toute fin de nuit semblent attester du contraire. "On m'a volé toutes mes affaires (...) Jamel connaissait le code", argue Julie Derouette. Sur les longs courriers adressés à l'accusé ou la multitude de textos, Julie Derouette explique qu'ils ont été rédigés pour la plupart ou en partie sous la dictée de Jamel Leulmi.
Pour quelle raison ? Pour les faire lire à la mère de l'accusé ou encore pour "rassurer" sa compagne "officielle", Céline. "Il fallait que je montre à Céline que j'avais besoin d'argent, que j'avais besoin d'être protégée", se défend Julie Derouette. "Vous êtes une marionnette entre ses mains", ironise Me Dupond-Moretti.
Des textos très "hard". Pour la défense qui veut substituer la figure de Julie Derouette victime en Julie Derouette harceleuse, éconduite mue par la vengeance, les textos semblent une mine à exploiter tant il est difficile d'y faire le tri entre le vrai du faux, entre la sincérité et la manipulation. Les conseils de M. Leulmi, qui depuis l'ouverture des débats ont été prompts à dénoncer l'exposé cru des turpitudes sexuelles de leur client, ne se sont pas faits prier pour lire quelques uns des textos "très très hard" envoyés par la partie civile à l'accusé. "C'est dans le but de m'humilier, allez y Maître", a invité Julie Derouette, affichant une sérénité qui ne l'a que rarement abandonnée.
Un témoin tétanisé, jusqu'au malaise. De sérénité, il n'était en revanche pas question lors de l'audition de Karine T., 41 ans. Elle est la troisième femme dans ce dossier, après Kathlyn Vasseur et Julie Derouette, à avoir souscrit des contrats d'assurances décès au bénéfice de Jamel Leulmi. Montant potentiel cette fois : trois millions d'euros pour Jamel Leulmi. D'apparence limitée intellectuellement, Karine T., qui a rencontré l'accusé dans un club échangiste et se dit "très influençable", est apparue tétanisée à l'audience allant jusqu'à faire un malaise. "Il m'a fait souscrire plusieurs assurances vie à son nom, moi je ne comprenais pas. J'avais qu'à remplir et à signer", a raconté ce témoin. Perdue au milieu d'un dossier qui semble la dépasser, elle est apparue bien loin de la thèse d'une manipulation que Jamel Leulmi a défendue lors de l'instruction.
LES FAITS - Le "Barbe bleue" de l'Essonne devant la justice
A L'AUDIENCE - Jamel Leulmi est "un très beau manipulateur"
TÉMOIGNAGE E1 - "Jamel a voulu me tuer"