Dans l’échelle des bizarreries offertes par mère nature, le Syngnathus scovelli est très bien placé. Chez ces petits poissons des mers chaudes, c’est le mâle qui assure la gestation des œufs. Et la revue Nature vient de nous apprendre qu’il sélectionne sa descendance en choisissant les œufs des femelles les plus grandes.
Une poche pour les œufs
Chez ces poissons des fonds marins qui mesurent de 10 à 12 centimètres, les mâles se débarrassent souvent des œufs reçus pendant un accouplement avec une femelle de petite taille, apparemment dans le but d'économiser leurs forces pour les œufs d'une autre offrant de meilleures chances de survie. "C’est un peu comme s’ils se demandaient : 'Est-ce que ces bébé valent autant d’efforts ?' ", analyse Kim Paczolt, du Texas Kimberley Paczolt, l'un des deux auteurs de l'étude.
Les œufs couvés sont placés dans une poche où ils seront nourris et pourront se développer. Un Syngnathus scovelli peut porter jusqu’à 40 petits et la gestation dure entre douze et quatorze jours.
D’autres pères poules
Le Syngnathus scovelli est un cousin de l’hippocampe et du dragon des mers chez qui c’est également le mâle qui porte la descendance. Il existe d’autres espèces où les rôles sont inversés par rapport au schéma classique. Chez les nymphons graciles, une petite araignée de mer, les mâles portent les œufs sur leurs pattes. Les mâles léthocères, un genre de punaise géante, portent les œufs sur leur dos.
Cette inversion des rôles existe aussi chez des oiseaux qui pratique la polyandrie (quand une femelle s’accouple avec plus d’un mâle). C’est le cas des jacanas et de certaines espèces de faisans. Les poules d’eau sont les rares à opter pour la parité. Mâle et femelle couvent chacun leur tour.